27/08/2009 Vue remontée

parc national du Durmitor étonnant fou d'au réveil nul mal crâne respire profond l'air clair – de ne pas voir encore mal après tant de dingues la nuit la guitare une voix oui belle à travers feu s'évole entière chaude et les paumés s'accrochent aux lavabos – y'a toujours un paumé qui se réveille en furie un matin mal botté – y'a toujours un paumé et la guerre c'était pas si loin ça fait bing bing ou bien non bang bang comme dans une chanson encore une fois et d'une voix chaude bang bang – alors d'accord vas-y ça te revient dans un vrac le réel et pousse moi encore que même la nuit soit terminée – dans tes sommeils c'est berzingue encore tu auras les yeux tout ce que tu n'as pas dit tient là fou – on se réveille un matin avec un encore un petit goût de vers – un bout de phrase qui file dans l'oreille ça te tremble au matin le café sur le gaz le soleil sur la table en bois ça te tourne sur toi sur un matelas fin comme ton dormir limite – et tu ne dors pas et tu pourrais book of dreams tout écrire qu'un serpent traverse une cour de ferme alors qu'un léopard lui court après dites-moi docteur ça marche comment un corps ça marche comment un corps – tu dis vraiment n'importe quoi.

26/05/2009 Vue remontée

La route du Monténegro vers l'Ouest – as-tu déjà écrit ça rouler vers l'Ouest – même plus la peine Kerouac si tes rêves ils se sont poussés de là vers ailleurs – et toute la route à affonner dingue avant d'y comprendre quoi pas l'essentiel – les virages à l'entrée du Durmitor et crissement les pneus vont chauds sur le bitume dans un calme d'alentour – filent doux à travers les champs à bêtes les baraques toutes en travaux sans fin un Volskwagen garée devant le mur en bois un vieux camion chargé de quoi fume noir dans les virelots sur le pont les touristes et ça ne s'arrête pas – tu parles de moins en moins de l'humain pas sûr toi tu parles de toi toi toi après tout – comment ça se rassure un homme un homme qui va un corps ça va – un corps ça souffle dans les rues de Guça transpire à goutte goutte goutte – et la gueule même sèche la gueule dans une tente à Guça un matin chaud – pendant qu'à côét il dingue ne dors toujours pas et un corps ça goutte idem autour d'un lac dans les montagnes Crna Gora comment ça se dit Crna Gora un trajet d'homme dans une autre langue d'autres mondes – un corps comme un long poème que tu as déjà posé c'est comme un caillou – et on donnerait des coups dedans des coups de pied un corps fâché fou flex incapable il va le corps silencieux parfois dans une poussée de tous les jours – et tu ne veux plus dire ça – et tu ne peux pas dire ça – et tu pousses plus tard une nuit à Guça et les corps se tremblent serrés collés de sueur – un autre jour une autre nuit une autre femme tourne tes yeux fatigués vifs et ça se dit comme un trajet.

24/08/2009 Vue remontée

Beyrouth Beyrouth Beyrouth suffit d'un mot et tu repars loin à Beyrouth tu as vu rappelle-toi كاراج c'était écrit sur les murs tu as vu un vieux fou dingue là-haut - peut-être d'avoir échappé à un missile il était tombé sur l'immeuble en face il disait les jours de bombardements je sors quand même - il disait ça tu marchais dans la rue tu marchais tu avais faim tu marchais il disait je sors quand même de toutes façons si ça doit nous tomber dessus ça nous tombe dessus il disait en français Beyrouth et tu marchais dans la nuit - tu filais dans un supermarché tu achetais de quoi manger de la bière à Beyrouth comment s'appelle la bière à Beyrouth gare mon vieux gare - tu dérailles.

24/08/2009 Vue du jour

avec une petite musique lascive ça ne casse pas hein une mélodie voilà et qui revient et dans ta voiture tu roules pas vraiment - réveillé un lundi matin au mois d'aout il pleut les essuies-glaces position deux la plus rapide et tu roules tu roules tout de même - tu baisses un peu le son c'est pour mieux entendre les gouttes sur le pare-brise l'eau contre la carlingue aussi les phares rouges des autres sur le bitume au loin un éclair ça traverse tout le ciel quelques secondes dans la radio c'est le silence - tu ouvres un peu la vitre passager c'est pour sentir l'eau l'odeur de la pluie sur les routes séches au mois d'aout.

23/05/2009 Vue remontée

un morceau de PQ brûle dans la montagne quelques chose comme un désert – d'arbres partout avec de temps à autre une Volskwagen passant monts calamés d'hebre verte aussi – la route comme du bitume usé troué blanc gris plus que bleu noir avec un envol d'oiseaux tous s'élèvent quand la voiture file – pourquoi ça te tremble d'aller comme ça vers ce qui ne se sait pas – t'as les yeux toujours en allant dans les Balkans tu roules roules et ça te fuit la vie à s'en mettre plein la gueule le plus avide – les vaches les meules de foin les bornes qu'il faut parcourir entre deux maisons quelque chose comme un village avec un grand bâti au centre brûlé sur une facade rouillées le fenêtres la plupart sans carreaux dans celle-ci tu aperçois un néon – une Golf rouge passe à fond de cinq qui coupe à la corde le virage t'arrive en pleine face – que ça continue.

23/05/2009 Vue remontée

et puis tu as perdu l'essentiel – tu as perdu sans l'écrire tu voulais dire les seins bronzés d'une femme à demie nue debout sur une chaise – tu voulais dire le jaune brillant d'une trompette là tout près – et la fumée d'un méchoui rend flou l'ensemble pas seulement la bière qu'ils boivent – les bouteilles toutes et nombreuses sur les tables – au Stadium tu voulais dire les gobelets peut-être milliers tous sur l'herbe les canettes écrasées – un homme se lève qui affonne une bouteille d'eau de vie la goutte de sueur sur son front à moins que non – peut-être goutte de bière tiens tu voulais dire les trompettes en plastique – y'avait quelque chose d'insupportable comme les dizaines non centaines de bouteilles dans l'eau un barbu assis dans sa baignoire mate une télé déglinguée et l'eau lui passe tout autour – un béret militaire sur la tête au loin tu entends le son les fanfares encore à la gare routière les gitans s'engueulent et tu finis un café le marc au fond on dit à la turc – trois mecs en uniforme passent qui tiennent des matraques autour d'autres jettent de la bière en l'air – quand un gars passe qui porte des shots de rakija tu en prends un – tu mélanges tout et il s'en va file une femme passe qui porte une rose un gars croque dans son sandwichs – tu voulais dire la tente en pente et les feuilles de journal avec la merde dessus les coups de canon trois tous les matins et le sol vibre et ta carcasse avec – tu voulais dire quand il s'est couché les yeux grands ouverts et tu te réveillais sans cesse usé il te regardait les yeux grands les parasols Jelen Pivo – jaune et noir tout autour la grande scène un soir un soir dingue dingue dingue – les croix sur les torses des hommes la fumée d'une cigarette dans le bureau quatre du premier étage de la Police Station – tu voulais tout tout tout et tu sais bien ce n'est pas possible et pour ça on y croit à ton histoire elle tient comme un humain – lui il s'envoie des bières tard le soir la drogue c'est quoi le parc de la High School de Guça – le reste du parler fou quand tu précises que ça tient comme ça tu crois c'est un vrai travail de langue pfff – et que ça défalque les mots de tous les jours une grande brune passe qui remet sa culotte à travers son petit mini short jaune – des cornes de diable à la fête à la saucisse clignotent dans le noir – garde mon vieux pompe ce qui vit là un homme drapé de son blason serbe rouge bleu blanc avec dessus les armoiries.

22/08/2009 Vue du jour

un matin encore bleu bleu trés tôt tu dors dans l'herbe au frais tu causes encore de temps à autre de bitume oui pour venir ici l'a bien fallu - ou bien nu nu nu dans l'eau d'un fleuve il te semble ça s'éclaircit un peu - ce que ça peut dire - vivre.

22/08/2009 Vue remontée

tout à l'heure tu allais main street et tu avais envie de ça – tu aurais serré ta mère dans tes bras et tu lui aurais dit « je t'aime » - et tu ne fais jamais ça – tu aurais serré ton père dans tes bras tu ne fais jamais ça – mais ta gueule puisqu'ils sont là tu aurais serré les deux frangins et vivre serait facile.

20/08/2009 Vue remontée

tu as fait ta première photo tu sortais en troisième d'un beau virage et il était clair et blanc loin – en conduisant tu l'as faite ton vieux pote tenait le volant devant toi et tu as réglé le diaphragme et tu as déclenché faut pas s'imaginer quelque chose de vraiment droit – aussi les nids de poule les lignes blanches souvent mal ajustées – tout au loin une maison on la distingue à peine tu passes la quatrième et le bitume secoue la caisse et la carlingue c'est un plateau au Nord de Visegrad le ciel est gris blanc tu es fatigué.

20/08/2009 Vue remontée

La plaine au Nord de la Croatie après le coup de tampon sur le passeport passeport passeport la deux fois deux voies vers l'Est avec autour les champs de baraques en briques et Zagreb qu'on double au Sud – les tours de béton il y a quatre ans tu étais là-bas il y a quatre ans avec ce que ça dit de fou une première fois avec ce que ça remue Bauhaus en Caterpillar trois locos rouillées dans une gare désaffectée – le maïs Ennezeta Castrol ça te sonne en 2800 tours minutes à 7,25 le taux de change de tes émotions ça tient dans un portefeuille une route – tu mentais les aventuriers de Jack Kerouac tu mentais tu n'avais jamais vraiment lu finalement oui – comme c'est triste une vie d'homme ça file dans ce qu'on s'accorde de réel bien en face des mots.

20/08/2009 Vue remontée

Comment tu disais déjà – comment tu disais la route Ljubljana Zagreb et plus loin vers Belgrade tu disais vers un flou d'horizon – et le maïs toujours le maïs ça n'a pas changé – et tu as mal d'avoir dit ça tu as mal d'avoir dit ça tu as mal d'avoir dit on ne se parle plus toi et moi ce n'est pas qu'on ne parle pas c'est qu'on ne parle plus alors quelles routes ont-elles perdues leurs asphaltes et ça t'enrobe de rêve avec les belles jambes en dessous elles dansent les femmes c'est comme nos mondes les femmes et qu'on ne m'en parlait plus pendant tout ce temps – et toi – tu étais là au bord de l'eau à Skofja Loka la pluie tombait sur la terrasse et tu finissais une clope et tu disais ça mon vieux jusqu'où on s'aime pour s'en lâcher si peu.

20/08/2009 Vue remontée

OMV Mercator Ljubljana Padarino Sparkase 70 Kaligula Ikea Baumax Mercator Mercator Mercator – le Center file droit sur les boulevards les Spars – deux voies droites vers l'Est où le soleil au bout Maribor à gauche et là Zagreb – Vostojna et les tags sur les murs c'est comme ce qu'on garde de raide dans nos silences intimes – quoi quoi – à quoi bon pourquoi rouler comme ça qu'est-ce que ça fait trembler dans ce que tu as de tripes devant le Café Coisin sur le boulevard – quel est son nom – qu'importe et maintenant et fais un effort reprend le cours – pas là pour se perdre – inédcis porutant c'est réel comment dire exactement ce qui se trame de frontières est-ce que ça se comprend est-ce qu'on avance ensemble est-ce qu'on se parle est-ce qu'on s'écoute dis-moi – hier les autoroutes allemandes tu avais le volant dans le main et le pied droit bien à plat et tu filais sur la voie de gauche il pleuvait il pleuvait raide sur le bitume et Fernand buvait le café et le bitume et l'asphale – ça file – Skofja Loka pas assez loin.

20/08/2009 Vue remontée

haricots tournesols tomates – les haricots là qui montent montent – et puis la vitre lumière le frigo la table c'est la cuisine sur un pont à Skofja Loka alors il a fallu que tu arrives là – il a fallu qu'on te déteste et et puis ta gueule – sur le texto un autre il a dit – merde tu ne peux pas dire « un autre » - qu'il y croit qu'il comprend et que tu n'as qu'à gueuler parce que c'est ça – pas grand chose de plus – qui pourquoi tu es là assis sur un bout de pierre ce soir-là il fait un temps comme gris moche avec la pluie tout le jour tu pourrais pleurer même ravaler – comme écrire ça ne changerait rien.

19/08/2009 Vue présente

c'est comme si tu avais perdu quelque chose kesketa mon mais c'est ta langue peut-être même tu te dis ça et tu as terriblement chaud ça te bat à combien de tours dans la poitrine - et le jour d'avant tu mens et le jour d'après tu mens et la nuit tu mens ou bien c'est comme avoir atteint un point surtout pas limite puisqu'après - même après la fin ça continue encore ce qu'il te faut c'est ça ton grand bra bra brame braille brut - c'est question de blanc.

18/08/2009 Vue présente

ouh silence ouh le long long silence et chut et chut et chut et tu ne t'es jamais dit je ne dirais plus rien tu ne t'es jamais dit silence mon vieux silence - et tu as roulé tu as parcouru le bitume tu as tiré sur l'asphalte tu as filé filé dans le bleu "accroché un anneau à l'oreille des Balkans" tu n'as jamais dit ça - tu as pensé quoi en haut du Meded au Monténegro tu as pensé quoi dans les virelots au Nord de Visegrad tu as pensé quoi dans les ruelles d'un village de Serbie tu as pensé quoi dans l'eau de l'Adriatique tu as pensé quoi - ouh le silence - tu as la langue raide d'un coup.

03/08/2009 Vue présente

long long long le silence là tu pourrais gueuler tellement ça se tait et tu marches avides et tu rêves raide long les silences - pendant que tout ce qui te tient gonfle non tu peux dire quelque chose comme aspire et tu vas - tu marches nu tu marches nu tu marches nu.

26/07/2009 Vue remontée

tu as toujours dit les chiens errants de Bucarest tu as toujours dit ça comme d'autres aussi les chiens errants et tu ne t'es jamais dit comme un chien hurlant sur un trottoir de Bucarest – tu n'as jamais raconté ce soir d'été tu n'as jamais dit les bières et les larmes dans une rue de Bucarest tout proche de la pension Elvis tu n'as jamais dit les femmes nues d'une boîte immonde tu n'as jamais dit la vodka la tristesse cette profonde tristesse tu ne l'as jamais dit – comment tu es sorti seul sur le bitume encore humide comment tu as pleuré contre une poubelle et le coup de pied que tu lui as donné comment d'autres riaient alentour et comme tu avais peur et comme tu avais mal et comme tu voulais rire toi aussi et comme tu te sentais seul – tu n'as jamais dit comme tu hurlais dans les rues de Bucarest et ce que tu as préféré dormir comme mourir.

26/07/2009 Vue remontée

complètement nu nu nu puisque né nu – et ça tu ne l'as pas inventé – nageant sur le dos vers huit heures du matin ivre chancelant dans l'eau même froide le soleil dans le bleu là-haut comment dire – bien – intensément bien ivre nu dans l'eau froide quand une des voûtes du pont du Gard passe au dessus – ça n'existe pas les mots et ce n'est pas grave pour la première fois tu te dis ce n'est pas grave tu n'as pas les mots et ça ne se dit pas ce que ça fait – être complétement nu et ivre dans l'eau – sous le pont du Gard – un matin vers huit heures.

26/07/2009 Vue remontée

c'était quand c'était une nuit et folle et des baffles y'avait quelque chose comme un nerf dans ton corps et d'autres aussi – il avait dit un jour il avait dit ça et tu l'avais cru il avait dit c'est peut-être seulement ça c'est peut-être seulement qu'on s'avoue pas assez qu'on s'aime oui c'est peut-être ça – et cette nuit là quand une basse un batterie un clavier quelque chose de rock ça vous agitait ça vous tremblait tu lui avais sauté dessus et c'était bon – vous vous étiez serrés comme on se sert plein d'amour et puis le silence ça te reste – quoi – qu'est-ce que ça dit – qu'est-ce que ça trace – quoi quoi quoi – un marteau-piqueur pour ton bitume intérieur ou bien un souffle tranquille et quelques poussières retombent au loin.

17/07/2009 Vue remontée

une chanson arabe qui dit je t'aime ça n'a rien de vous savez mais de cette façon et comme ça faux puisque je chante toujours faux et comme il veut bien me laisser un peu dire quelques mots merde - tu écoutes ça un an après et et tu sens c'est comme une larme mais ça aussi - ça ne se dit pas - ça ne se dit pas comme on peut pleurer en écoutant une chanson d'amour dans une langue quasi inconnue - et ce que ça te fait dans la carcasse ce qui résonne et jusqu'où et comme ça te tremble les entrailles et tu pourrais mon pauvre vieux avaler quoi sinon tes rêves échoués - c'est pas dire manqués juste là encore - tu regardes par la fenêtre et tu vois quoi le ciel tu marcherais tu marcherais seul et c'est pas non plus la question savoir vers quel monde égaré c'est la route rien que la route - une chanson en arabe qui dit je t'aime et de cette façon tu rêves mon pauvre vieux pourtant - c'est bien ça - une chanson en arabe qui dit je t'aime.

17/07/2009 Vue remontée

les cordes d'un oud combien de poèmes as-tu commencés de cette façon les cordes d'un oud dans une pièce - ça te traverse de partout comme avec les pieds qui frappent la mesure et ce jour-là -tu étais sur la terrasse de l'hôtel Al-Rabie à Damas - fin souk Sarouja le oud c'était celui d'un vieux musicien de la vieille ville et ton pote - il lui avait acheté sur la terrasse de l'hôtel Al-Rabie il jouait l'après-midi le vent soufflait sous l'auvent mais les corps étaient là sous 45° et tu regardais ses mains sur le manche tu regardais sa tête sa bouche grimace et aussi une goutte de sueur sur la joue comme c'est cliché - mais pourtant là et avec ton crayon dans la main ton carnet tu ne dis rien tu n'écris rien tu ne peux rien faire devant la goutte de sueur sur sa joue et le oud et puis il s'arrête - au loin on entend les coups de klaxons des voitures accélèrent c'est assez étouffé mais là tout de même - il y a aussi le son du oud quand il le pose sur la table souvent la caisse cogne ça résonne un peu tu aimes bien - il te dit ça va il s'allume une cigarette tu ne dis pas grand chose toi aussi tu allumes une cigarette il y a quelque chose tu ne sais pas quoi ça t'écrase terriblement et tu te sens poussière terriblement poussière - à quoi ça sert raconter la goutte de sueur sur la joue de ton pote sur la terrasse de l'hôtel Al-Rabie du Souk Sarouja - à Damas - à quoi ça sert.

17/07/2009 Vue remontée

c'est une photo noir et blanc et le tirage vraiment mauvais ça laisse comme un gris de nuage dans l'ensemble une jeune femme et robe - je sais qu'elle est jaune - monte un champ c'est pareil - je sais qu'il est vert - et la nuit tombe sur la montée du campement lors que la nuit vient sous l'auvent avec les quelques bouts de ce qu'on mange parler tard ne change plus rien à ce que vivre te laisse de réalité.

17/07/2009 Vue présente

dingue comme le clavier tu vas parler numérique et ça n'a rien de bitume quoique enfin ça peut se dire comme ça aussi écrire - ce n'est pas pareil d'un outil à l'autre aussi l'écran ou ça se trouve pour ça qu'une machine portable c'est comme un carnet geek geek geek et fondu avec ce que ça te coûte - est-ce que tu aimes - quand le héros - efface tout devant toi nu jette - son costume de marin - et danse ivre et fume seul - dans la grande nuit - dis-moi - est-ce que tu aimes - quand il s'effondre raide - de n'avoir jamais trouvé le clef.

17/07/2009 Vue du jour

la route bien droite et chaud dans la carlingue ce que tu aimes c'est le pied droit à fond ridicule et puis filer le bleu si c'est le ciel ou bien le bitume c'est la même mon vieux - la vitre grande ouverte et le bras dans le souffle ça te vient le poème d'être transpirant idiot devant un compte-tours l'addition des kilomètres crissement de pneu comme dans une course poursuite à l'américaine - le soir d'autres reviennent avec des larmes et des cheveux longs bruns tu peux dire brune mon vieux et mouillés les cheveux c'était une autre nuit.

14/07/2009 PPGVP

[cut up d'été - plus petit geste de verbalisation possible]

1 -
dans un bar de tout évidence étranger - que s'est-il passé ? - le monde normal la nature dans le monde la routine - Le Jeu - avec des majuscules 600 pages récit initiatique en costume trois pièces ouvert qui digresse sur Bukowski et se tâte - non il ne drague pas version conte de fées voire plus si affinités - en perte de virilité le fil ainsi tendu.

2 -
des poussières middle class boulimique de littérature timide - nerveux il a couché avec une fille du campus en quatre ans de fac pauvre mec frustré - je me disais j'ai décidé - ne jamais dire excuse moi l'homme est un angoissé la sortie de secours l'apocalypse n'a pas eu lieu que craint-il - de ne pas savoir la clé.

3 -
nombre de consommateurs nombre de salariés acceptent ou accepteraient de travailler - fin de l'hypocrisie - leçon particulière de la crise économique le marché n'a pas toujours raison - notre sondage le montre - ils récusent une société unidimensionnelle où seul le commerce donne un sens à l'existence - les églises modernes dieu de l'échange culte marchand chose ou ce qu'on voudra.

4 -
55 % - 42 % - 3 % - 27 novembre - 64 % - 57 % - 62 % - 58 % - 51 % - 47 % - 86 % - profiter de la vie.


5 -
à Alger la piste d'un ratissage sur une route deux mois d'amitié avec certains - un bivouac c'était plus fort il n'y a pas eu de suite - black out.

6 -
Alger Alger Alger Alger ce sont les révélations d'un déserteur deux jours après deux mois après six semaines après Alger - une piste à Alger Alger Alger le plus grand secret des questions restées sans réponses Alger dans des maquis - arrivé à un certain point on avait constitué on ne savait plus la pagaille la nature les yeux et un goût amer - des attentats de tête dans cette zone que s'était-il passé ?

7 -
le sang chaud parler les émeutes et la tension en train - disparu chacun raconte la même histoire un réglement de compte personnel là - personne n'ose - une nuit de juin.

8 -
à poil chaud ce sera voire dans une écrasante mais nue - dans une foule bizarrement une femme maquillée n'est pas totalement nue.

9 -
75 personnes ont été licenciées en juin on a compté jusqu'à 1200 employés au plus fort une autre unité de production ayant fermée - soudaint disparue du marché - la start up l'ère du tout numérique engagé par impossible - il a levé 1,2 millions d'euros une marque rachetée un marché de niche à 1 million de personnes 1 millions pouis 3 millions - l'avenir paraît prometteur.

10 -
un parcours ses métamorphoses d'une langue je me suis retrouvé en terrain de foire - en pleine guerre - la première poésie que j'ai apprise c'était pas important j'avais une autre vie la nuit - une langue étrangère que je ne connais pas articuler l'impossibilité de la poésie - un saignement un décrochage l'histoire du grand poète du grand inconnu ce n'est pas possible que ce soit toujours la faute de l'autre.

11 -
palestiniens israéliens jordaniens libanais - Proche Orient territoire pour point imaginaire comme bouée - passeports plus complexes qu'on ne le croit - hors les murs et par dessus le mur sans checkpoint quand on vit au quotidien expérimental onirique voire burlesque ce bruit : citoyens de Beyrouth enfants de la guerre.




(Ile de Rochefort - 49 - avec Libé 7 juillet 2009)

13/07/2009 Vue remontée

ça nous est tous là on se voit on est là aussi comme lui et la nuit elle te souffle quelque chose comme du nerf et tu mangerais une route - ou bien tu t'allonges dans l'herbe dans un fossé tu te roules sur le bitume aussi dans la boue sèche tu dis quoi tu es là les pronoms ils n'ont plus rien à dire quand on raconte ce que tous on tremble - toi aussi tu as marché seul la nuit sur une route et tard toi aussi tu as couru dans une plaine dans une vallée tu as couru dans le noir il était là tu l'entendais gueuler avec la gorge en grand - toi aussi tu es passé sur des ponts tu as regardé l'eau couler tu as pleuré discrètement quand tu l'as vu faire tu as pleuré en silence - t'as voulu avaler les bornes et tracer des plaines tu es resté tremblant sur un canapé on veut être seul absolument seul on a le corps moins raide d'une main là pour dire l'essentiel - dans ce qu'il te reste d'énergie tu tiens à côté de ceux qui chutent - après on aura d'autres sentiers nocturnes.

05/07/2009 Vue remontée

tu ne te souviens plus ça ne revient pas toujours et puis les carnets tu les as remplis oui et ça s'échappe tout de même c'est quelque - non quelques mots oui d'un souffle nu mu aussi vazy mon vieux enfin ta mue la voilà langue langue langue - quand t'arrives près de Sibiu dans la campagne autour tu roules le van file sur le bitume sur la piste dans le miroir du rétroviseur la poussière se lève imagine un peu - avec un coucher de soleil entre les montagnes un pont de pierre et dessus toutes là les chèvres poussées par les chiens un homme aussi et les Dacias - à travers les bêtes au loin là près de l'eau quelle vue une rivière et l'herbe s'écoule doucement vers elle - des voitures des charrettes aussi des feux de camp la fumée monte lentement - tu vas dans le van à travers les ruelles les vieilles femmes contre les murs les gars attablés assis sur un bout de paille et tu ne sais rien de ce village sans nom - de cette route vers les montagnes et le coucher de soleil tu ne sais rien des longues chevauchés déclamatoires et de la poésie de la poésie tu ne sais rien - tu prends des photos tu remplis ton carnet - et tu te perds dans le réel - tu te perds - tu te perds de vue.

05/07/2009 Vue du jour

ça te file en fast fast le réel dans la nuit pleine de sa lune bien blanche bien ronde là tout haut - et roule la caisse sur le bitume à travers la fenêtre ouverte ça sent l'herbe des champs aussi l'eau puisqu'une averse ce mélange de poussière vous savez bien ça cause de quoi ces mots-là - et mêle aussi ton réel à travers les autres tu ne parles que de toi toi toi ta gueule toujours et ça voudrait dire mais ça te file entre les pensées les mots là - comme une carcasse de vache allongée dans l'herbe à demi blanche lune pleine j'ai déjà dit ça en roulant rail c'est un rail ta bagnole tu souris - tu souris seul dans ta voiture et l'air frais de la nuit.

04/07/2009 Vue présente

l'odeur d'un sac à dos un gros sac celui qui traverse les mers les plaines et parce que pas lavé encore la poussière dessus celle d'un lointain bon bon bon - seulement remettre les mains dessus et ça te remonte d'une claque en pleine gueule la chaleur la poussière à Damas ça te remonte ce que tu sens là - le sac à viande et cette longue conversation tard sur la terrasse de l'hôtel Al-Rabie assis sur un bout de béton avec les étoiles c'était quoi quelle vision quelle réalité nous écrase de tout son poids - la fermeture de cette poche est cassée - ça te laisse rouge par endroit le réel.

04/07/2009 Vue présente

un langue de bitume avec deux voies dessus et ça file vers un tout droit - sur les côtés haut les murs de béton qui tombent à pic et si tu lèves la tête - parfois tu lèves la tête - le ciel - tu n'as aucun repère - sinon les lignes blanches - le bitume - le béton - et ça file raide.

03/07/2009 Vue remontée

sur le flanc la montagne et le soleil sur le pare-brise les reflets tu te souviens du soleil et des grandes étendues blanches sèches jaunes plutôt jaune - et la paille en botte levée à la fourche une vieille femme est là qui marche sur le bord du bitume les charrettes ou la vallée plus bas la route sinueuse - les virages virelots va vont dans la voiture le van tu es là silencieux comme un quoi à noter tes croquis de mots oublieux mon vieux de temps à autre vivre ça se bouscule sur les graviers à l'Ouest des Carpates - tu te répètes certains autres Kerouac et Romanès le ciel là le ciel rien que le ciel - tout petit dans ton van sous la grande voûte et chaud - l'herbe sèche comme les plaines arides de tes rêves.

01/07/2009 Vue remontée

après la ville on est tous là comme usé des bornes et d'avoir atteint le pays aussi - la nuit est tombée et les phares ou pas nombreuses les charrettes aussi - quand tu les doubles tu entends les sabots sur le bitume et tu avales encore les bornes jusque ce village - quel est son nom - les Dacias attendent au bord de la route et les humains là regardent la caravane passe au loin les chiens errants ils n'aboient pas ils couinent les chiens errants ils ont peur et quand tu éteints le moteur tu entends dans la nuit encore - les sabots sur le bitume.

01/07/2009 Vue présente

que ça va exploser parce qu'à tenir comme ça dans l'entre-deux non ça ne va pas tenir comme ça et puis chaud jusque dans le souffle chaud - tu veux parler parler parler faut que ça oui faut que ça et allez tous hein allez tous vous si ça vous quoi - non non non ta gueule mon pauvre vieux tu ne sais rien surtout pas non surtout pas vers quel monde tu cours et ça se terminera dans une rouge sang jaune orange éclaté sur les corps chut chut là mon petit - calme - rendors-toi.

29/06/2009 Vue remontée

la route tu t'en souviens très bien elle est droite et nids de poule sans arrêt le soleil il se là à l'Ouest c'est assez facile comprendre qu'après toutes ses bornes plein Est - on file maintenant vers le Nord et dans ce village on s'arrête à nouveau c'est toujours pareil - la gran'route au milieu qui va bitume cassé de soleil et les maisons le long - larges trottoirs avec le fossé aussi immense là devant son portail il vend des fruits nous tous à la terrasse d'un troquet des bières les grandes chopes bien fraîches et pour quelques centimes - les gamins ils jouent là qui restent souriant toujours avec leur gueule et un vieil ordinateur au bout du comptoir pour envoyer les nouvelles - puis c'est tout droit vers Timisoara les cadavres il paraît c'était là - t'étais pas né - et dans la nuit les phares des Dacias tournent aux carrefours.

29/06/2009 Vue présente

diffraction dans le corps et la langue aussi que tu éclates dans le blue blue blues chaud des jours - un matin tu te lèves et tu es bûcheron un soir tu te couches et tu es ivrogne un autre matin tu pleures en lisant des poèmes un soir tu cours seul dans une rue tu cours seul et tu brailles infini tu sers une femme dans tes bras - une nuit tu ne dors pas tu ne peux pas dormir un matin tu tombes épuisé raide sur un fauteuil de cuir rappé dis-moi dis-moi où tu vis mon pauvre vieux tu n'existes pas souvent - et tu te perds en mille vies le reste du temps.

27/06/2009 Vue du jour

un grand plein d'air avec le bleu du ciel et les étoiles aussi la nuit tu vas sur les routes d'une campagne déjà souvent arpentée - et tu ris et tu ris tard et tes mots c'est des blablas de souffleur d'étoile ouais tu dis n'importe quoi - tu dis vraiment n'importe quoi et tu pourrais avaler un monde.

26/06/2009 Vue remontée

quant tu passes la frontière au nord en remontant depuis Belgrade vers Timisoara tu reconnais le paysage c'est la deuxième fois que tu passes ici et tu prends plaisir à reconnaître - tu vois la grande plaine c'est une plaine quelque chose d'une plaine - avec le soleil là bas loin dans un flou de poussière un tracteur file qui tire sa remorque dans le jaune - la route est seule et droite vers le point de contrôle le bitume est frais long - ça roule ça file et ça ne fait pas de bruit en toi ça ne bouge pas ça respire tranquillement tu as ces moments là aussi - et puis ça file ça s'embarque dans la carcasse c'est le temps de l'apuiement sur l'accélérateur tu n'as jamais inventé ça l'appuiement sur l'accélérateur qui a dit ça si tu pouvais non de l'autre côté - c'est la Roumanie un cheval file qui reste noir et flou dans l'oeil.

25/06/2009 Vue du jour

là dans le soir on a parlé au près du fleuve puisqu'on y revient toujours - au fleuve - tu n'as jamais écrit ce poème tu voulais écrire - on ne veut pas écrire un poème bien sûr un poème il vient comme ça dans un souffle un quelque chose d'énergie d'émotion ça ne se veut pas - et tu dis n'importe quoi - et tu perds tout le monde tu voulais écrire un poème sur le fleuve un autre fleuve et tu as nagé dedans - et tu rentres dans ta bagnole tu roules tranquille tu connais par cœur chaque virage tu roules doucement la fenêtre ouverte et le ciel - de temps à autre le ciel entier s'allume blanc d'un orage au loin et tu rentres chez toi après la discussion tu penses toujours à ce que tu voulais lui dire tu aurais bien ajouté ça et puis d'autres - et puis tu aurais bien entendu la guitare oui et puis on aurait joué tous les deux l'un avec sa guitare l'autre avec ses mots on s'est dit ça on fera ça un jour le coteau entier s'éclaire d'un coup il ne pleut pas - tu traines ta fatigue léger d'avoir parlé ainsi et le bitume tu ne les vois pas les graviers tu penses plus loin et tu as quelque chose comme de l'amour là - au stop tu éteins le moteur et tu écoute l'orage au loin - tu attends encore un peu - tu sens des portes s'ouvrir en toi - et tu démarres à nouveau.

23/06/2009 Vue présente

tu roules et tu es bien tu roules assez vite et tu es bien c'est l'été le soleil se couche tard tu aimes beaucoup cette demi nuit et tu écoutes de la musique - c'est très fort et tu ne sais absolument pas qui joue ce morceau et tu n'y penses pas vraiment - les arbres passent sur le bord de la départementale et tu as encore en tête les mots tout ce que tu viens d'entendre ça te résonne à l'intérieur - ça ne t'empêche pas de penser au tunnel dans lequel tu cours tu as besoin d'en sortir se rendre compte ça te bloque beaucoup de choses elles te bloquent - tu accélères un peu plus - tu ouvres ta vitre en grand - l'air te fouette la gueule.

21/06/2009 Vue remontée

fouillant dans les vieux carnets ça remonte croquis appris d'un autre – vallées sans connaître son nom alors que le soleil encore donne et les sapins – rouges oranges vieillard titubant portant quelques outils en bois un champs dans les Carpates – vieille dame ridée assise trottoir main tendue – la ruelle canettes de bières bouteilles toits orange une vieille ampoule lampadaire les tuiles quelques unes amochées – clocher d'église se disputant les sommets en arrière plan des immeubles jusque dans le flou – Sibiu – quelques mendiants enfants courant après des pigeons place centrale lâchés célèstes grande église orthodoxe j'entre échaffaudage géant soutenant l'ensemble un lustre de quelques centaines de kilos – pouilleux dans des restos luxueux un mariage en bas on se tape une pizza récupérer – la pluie tombe orage et zébras dans le ciel roumain.

21/06/2009 Vue remontée

Vulkanizar en pleine montagne serbe alentour les ouvriers sont là qui creusent un tunnel – perçent la roche carrière de vieux bulldozers rouillés et des villes qu'on touche à peine traversant seulement coup d'œil toits tuiles rouges rien de plus – cheminées géantes des industries là un vieille Yugo nous double lâche sa poussière de bitume campagne maisons jamais tout à fait terminées centre de Serbie vieilles bagnoles errants dans les champs – quelques charrettes là des chevaux assoiffés stands bâche bleue – pastèques pour quelques centimes des montagnes de ballons verts dépotoirs sacs poubelles gré du vent ligne de chemin de fer la locomotive à côté – elle respire et toi aussi de l'entendre lui poussant sa propre machine s'en est ainsi de vivre – et bien d'être poussé de kilomètre en kilomètre.

21/06/2009 Vue présente

forcément revenir ici ça va te enfin t'imagine – six mois depuis et puis elle là enfin ça ne s'oublie pas certaines choses ne s'oublient pas et puis tu vas tu arpentes tu marches seul dans la nuit tu refais ce chemin si souvent déjà – la passerelle rouge ou bien la rue aussi et puis on se serre l'un contre l'autre merde tu as envie de gueuler merde et si fort ça pourrait t'écorcher les cordes vocales – et tu tires sur ton clope pendant qu'au bout de la rue une voiture disparaît qui tourne au feu vert.

21/06/2009 Vue remontée

tu as déjà traversé la Serbie mais tu n'as jamais compris tu as toujours roulé pour aller plus à l'Est ce jour-là tu quittais Mokra Gora – et tu filais vers la Roumanie – tu traversais les montagnes de l'Ouest du pays – les grandes étendues de sapins les virelots tous les uns derrières les autres et la fatigue un peu dans les corps dans le Van – les panneaux étaient en cyrillique et tu allais droit comme si tu connaissais la route – à Belgrade tu traversais la ville en peu de temps et tu filais encore encore – quoi de Belgrade quoi sinon les grands boulevards le béton les bâtiments immsenses qui servent à quoi – les mendiants aux feux rouges la quatre voies qui traversent la ville les trous de balles ici encore les immeubles à demi effondrés on te dira un an plus tard rappelle-toi les bombardements oui – tu ne savais rien des Balkans tu ne savais rien tu avalais les kilomètres et l'essentiel était là qui saute aux yeux tu ne sais rien – montagne de pastèques et nuage noir le Van accélère et traverse la ville on était là tous neuf dans le Van et qui parlaient parlaient parfois non ne s'écoutaient.

21/06/2009 Vue remontée

tu as déjà traversé la Serbie mais tu n'as jamais compris tu as toujours roulé pour aller plus à l'Est ce jour-là tu quittais Mokra Gora – et tu filais vers la Roumanie – tu traversais les montagnes de l'Ouest du pays – les grandes étendues de sapins les virelots tous les uns derrières les autres et la fatigue un peu dans les corps dans le Van – les panneaux étaient en cyrillique et tu allais droit comme si tu connaissais la route – à Belgrade tu traversais la ville en peu de temps et tu filais encore encore – quoi de Belgrade quoi sinon les grands boulevards le béton les bâtiments immsenses qui servent à quoi – les mendiants aux feux rouges la quatre voies qui traversent la ville les trous de balles ici encore les immeubles à demi effondrés on te dira un an plus tard rappelle-toi les bombardements oui – tu ne savais rien des Balkans tu ne savais rien tu avalais les kilomètres et l'essentiel était là qui saute aux yeux tu ne sais rien – montagne de pastèques et nuage noir le Van accélère et traverse la ville on était là tous neuf dans le Van et qui parlaient parlaient parfois non ne s'écoutaient.

20/06/2009 Vue remontée

sur l'autoroute c'était où entre Ljubjana et Zagreb ou bien plus loin encore peut-être du côté de Belgrade même – les pompes jaunes les leviers jaunes qui montent descendent sans arrêt montent descendent et lèvent ce qu'on pourrait imaginer comme un pétrole – autour les tâches parfois presqu'une mare noire et la tuyauterie énorme tu files à fond de cinq vers l'Est et ça te reste ça te colle à l'oeil et tu ne cherches plus savoir pourquoi.

20/06/2009 Vue présente

à la gare de Saincaize tout est là qui semble abandonné il n'y a plus de E au mot toilette à Saincaize et il n'y a plus de toilettes – l'herbe se fait une place sur le bitume et les portes les fenêtres sont toutes fermées – l'eau est là non potable ah si tout de même – une salle avec les bancs la composteuse – les vieilles barrières blanches et les rails comme un pré – nombreux les rails tous comme inutiles un wagon fret attend seul au milieu tagé – on ne reste pas longtemps – à la gare de Saincaize.

20/06/2009 Vue remontée

à Mokra Gora c'est Mokra Gora qu'on voulait voir ce jour-là non – c'est plus loin Kustendorf ou bien un autre nom encore – on mangeait sur une colline on buvait des bières on buvait du vin on regardait le soleil là sur les collines à la frontière côté Serbie – on allait errer entre les arbres entre les pruniers on ne faisait pas l'amour dans les montagnes près de Kustendorf je marchais avec elle jusque le village on se donnait la main on allait entre les maisons isolées entre les ramsseurs de prunes ils disaient – schnaps juste ce mot schnaps et on allait on ne faisait pas l'amour et pourtant – on allait s'envoyer en l'air dans le train là on faisait des huits dans la montagne quel est son nom – on buveait des bières on chantait on s'épuisait dans une voiture sur rail – une carcasse bleue montée sur des rouges de wagons on dansait sur les rails on dansait sur les quais de gares on dansait sur les wagons – on allait finir nos verres dans la locomotive on tirait le klaxon on s'accrochait au rambardes on matait l'horizon jaune vert et la vallée alentour – on faisait des huits tout alentour et dans nos corps aussi – on faisait des huits on tournait on tournait – quels convois étaient passés là sur ses rails ou dans cette vallée quels régiments et quels jeunes mariés – quels fêtards et quels assoiffés quel écrivain quel paysan tranquille – quel monde se jouait là dans le grand vert des montagnes de Mokra Gora.

20/06/2009 Vue remontée

à Mokra Gora c'est Mokra Gora qu'on voulait voir ce jour-là non – c'est plus loin Kustendorf ou bien un autre nom encore – on mangeait sur une colline on buvait des bières on buvait du vin on regardait le soleil là sur les collines à la frontière côté Serbie – on allait errer entre les arbres entre les pruniers on ne faisait pas l'amour dans les montagnes près de Kustendorf je marchais avec elle jusque le village on se donnait la main on allait entre les maisons isolées entre les ramsseurs de prunes ils disaient – schnaps juste ce mot schnaps et on allait on ne faisait pas l'amour et pourtant – on allait s'envoyer en l'air dans le train là on faisait des huits dans la montagne quel est son nom – on buveait des bières on chantait on s'épuisait dans une voiture sur rail – une carcasse bleue montée sur des rouges de wagons on dansait sur les rails on dansait sur les quais de gares on dansait sur les wagons – on allait finir nos verres dans la locomotive on tirait le klaxon on s'accrochait au rambardes on matait l'horizon jaune vert et la vallée alentour – on faisait des huits tout alentour et dans nos corps aussi – on faisait des huits on tournait on tournait – quels convois étaient passés là sur ses rails ou dans cette vallée quels régiments et quels jeunes mariés – quels fêtards et quels assoiffés quel écrivain quel paysan tranquille – quel monde se jouait là dans le grand vert des montagnes de Mokra Gora.

20/06/2009 Vue présente

dans les baffles une voix elle dit un accident de personne le train est arrêté pour une durée de – la dernière fois c'était sur un Paris Nantes ça avait duré une heure quarante-cinq on enlève pas si vite les morceaux – parce qu'ils disent jamais suicide elle dit pas ce genre de mot la voix dans les baffles et tu attends sur la voie – alors que ce trajet ça devait être court là-bas même pas vingt-quatre heure en fait à revoir les lieux quand c'était le début du bitumebitume quand la vie ça t'avait bousculé basculé – ça te revient Vénissieux le métro les grandes tours là-bas la Saône le Rhône les deux fleuves côte à côte et les morceaux de ta carcasse que tu as laissés là-bas – accident de personne avant de revoir la Part-Dieu de marcher long sur les boulevards ça va te faire un de ces – accident de personne et des wagons boxcars wagons à bestiaux comme trois fois boxcars dans le plus beaux des poèmes d'Allen Ginsberg – ceux-là ne semblent pas avoir bougés de longtemps derrière un entrepôt avec ces toits séries de triangles – trois cheminées jaunes assez fines lâchent un mince filet de fumée – accident de personne sur la voie tu pourrais cracher ou bien même rire – ça ne changerait rien.

20/06/2009 Vue présente

toute la difficulté c'est sortir ce qui doit être sorti mais ça ne vient pas toujours pas toujours bien – prendre des drogues aller fou dans dans cette façon d'expulser un réel – un glaviot dans les tripes – oui pourquoi pas surtout continuer chaque jour à parler ainsi ça viendra ça viendra il arrive qu'elles surgissent.

20/06/2009 Vue remontée

sur ce cliché involontaire du 253 d'une avenue de Sarajevo – on voit deux fenêtres et les murs autour on peut compter trente-cinq impacts de balles béants et une dizaine d'impacts plus importants comblés de béton – le crépi est tombé ça fait un rectangle d'environ deux mètres cinquante sur un mètre – je me trompe peut-être le nombre d'impacts on peut sans doute dire plus les gouttes d'eau sur la vitre du Van elles bouchent certains coin de l'image- je ne me souviens pas vraiment – c'était à Sarajevo – sur un des boulevards périphériques – il y avait aussi la façade d'un musée taguée criblée et dans le centre de la ville tu t'arrêtais tu regardais des vieillards jouer sur un plateau d'échecs géants – ils marchaient sur les cases et leurs pions touchaient les genoux – oui c'est comme des fragments et ça te remonte par vagues le bitume que tu as parcouru.

20/06/2009 Vue présente

tu lèves la tête et deux colonnes blanches un nuage de la vapeur s'échappent comme s'échapperaient de terre et ça monte en un gros tas blanc – une barbapapa de blanc dans le bleu du matin ça monte et tu ne vois pas mais tu sais ça au moins tu le sais – là-bas Chinon et la centrale nucléaire un jour ça fait déjà combien tu passais au pied dans un car à demi vide – non tu ne vois pas les tubes immenses les cheminées de la centrale nucléaire de Chinon tu aperçois quelques morceaux de tôle un toit et le nuage immense s'échappe qui va roi.

20/06/2009 Vue remontée

à Zenica tu arrives tu longes la voie ferrée tu vois les montagnes alentour Zenica c'est au milieu dans la vallée et le Van file sur le bitume alors qu'autour – le fer rouillé des usines de Zenica tu ne sais pas Mittal Steel tu ne sais rien – et les cheminées sont plusieurs d'abord grises grinçantes dans le ciel et rouge blanc ensuite – échappée de la rouille derrière les wagons à l'arrêt tout est rouille ici au Nord de Zenica au bord de la rivière – le Van file vers le centre et tes yeux ils restent là fixant la rouille les cheminées comme pour en voir l'essentiel et les tours de la ville peu à peu bouchent tu te retrouves poussière dans ta Volskwagen – tu roules au pied du béton.

20/06/2009 Vue remontée

à Zenica tu arrives tu longes la voie ferrée tu vois les montagnes alentour Zenica c'est au milieu dans la vallée et le Van file sur le bitume alors qu'autour – le fer rouillé des usines de Zenica tu ne sais pas Mittal Steel tu ne sais rien – et les cheminées sont plusieurs d'abord grises grinçantes dans le ciel et rouge blanc ensuite – échappée de la rouille derrière les wagons à l'arrêt tout est rouille ici au Nord de Zenica au bord de la rivière – le Van file vers le centre et tes yeux ils restent là fixant la rouille les cheminées comme pour en voir l'essentiel et les tours de la ville peu à peu bouchent tu te retrouves poussière dans ta Volskwagen – tu roules au pied du béton.

20/06/2009 Vue présente

ah puisque les trajets le bruit des rails le souffle quand la machine commence à toucher la centaine de kilomètres heures ça vient – le souffle quand on longe les nationales quand on entre dans une ville qu'on commence par sentir quelques maisons des étendues de tôles les entrepôts les usines – aussi les barres de béton des banlieues tu vas dans la machine ça te pousse d'ici vers un monde au là-bas – et tu es bien là – dans un train – et tu sors le cahier numérique et tu tapes et tu tapes et tu tapes et ça vient ça vient tout à fait seul – tout à faire clair – tout à fait là – ici et maintenant – dans ce qui bouge. (dans ce qui va)

18/06/2009 Vue remontée

j'en ai plein dans la tête – mais dire précisément non comment tu veux dire ça précisément t'en as vu tellement déjà dans le Nord – juste après la frontière c'est pas vraiment un désert mais toutes là à demi effondrées et comme des fantômes parce que souvent il reste le toit – une porte c'est vraiment rare qu'il reste une porte mais ça arrive – alors dans les photos j'en ai retrouvé trois – seulement trois à travers toutes les baraques défoncées qu'on a vu – ça reste dans l'oeil quelque chose comme ça c'est comme un fer à marquer les bêtes et c'est seulement d'imaginer l'humain là – entre les parpaings entre les tuiles – celle-ci elle est au bout d'un chemin – grise à travers le gris du ciel alentour les arbres la nature ça vient se nicher dans les coins de cauchemars – ça ne s'arrête pas devant les massacres ça reprend le dessus – deux arbres devant les parpaings bouchant les fenêtres – le dernier étage non les murs ça reste un semblant de ruine – mais l'ensemble a bien tenu – ça ne sert à rien – imaginer ce qui eut lieu – parce que forcément– avec des impacts de balles comme ceux-là – et puis le Van file vers l'Est le cliché ça a duré quelques secondes – flou.

18/06/2009 Vue remontée

au Caffe grill Kode Jaska Dobrave oui il faisait gris ce jour-là on arrivait en Bosnie et on avait faim on avait faim – on se garait sur un bout de terre et les voitures passaient toutes qui arrivaient de Croatie on était là – sur un bord de route à manger des bouts de viandes et des frites et puis on buvait de la bière et puis on était bien – se souvenir comme ça d'une bouteille de vin offerte au bar du Caffe Grill d'un échange c'était quelque chose plein de fraternité et qu'une pastèque là-bas coûte trois euros pour un touriste – qu'on repart avec une autre bouteille et c'est du vin bosniaque – que sur les murs en face du Caffe Grill il y a des impacts de balles et des tags dans une langue que tu ne connais pas – que la bière ne coûte pas cher et que c'est un bon coin – après la frontière Gradiska – oui c'était bien à Gradiska – et en face un vieillard vendait des légumes devant son vieux camion jaune passé.

18/06/2009 Vue remontée

un panneau levé dans le gris du ciel avec le rouge autour et les lettres noires elles disent douane carina c'est un panneau rouge et circulaire et des impacts dessus nombreux les impacts t'imagine le jour où – quel bruit ça pouvait faire sur le métal enfin ce n'était pas non plus de grosses douilles non mais tout de même – et puis en dessous 750 mètres avant la frontière c'est écrit autour c'est un champ de mines tu vois les petites pancartes rouges avec une tête de mort dessus ils sont plantés souvent un peu de travers c'est fait assez vite et puis on longe des fils rouges ils délimitent certaines zones parfois – un engin est là qui à demi rouillé sert à déminer – au loin tu vois le portique bleu vers la Bosnie deux camions te bouchent la vue et sur la vitre – le reflet l'intérieur du Van.

17/06/2009 Vue remontée

Mittal Steel tout le jour ça te reste la rouille dans l'usine de Zenica et sur la route tu files vers le Sud vers Sarajevo et tu roules - tu longes la Bosna les mosquées les panneaux rouges danger mines tu roules tu roules tu pousses la machine le corps et la machine jusqu'à ce que la fatigue et la faim - à Visoko ça sonne bien Visoko c'est beau et on mange et on boit et on parle et la nuit tard on débarque dans un camp de nomade les gosses tout autour ils se jettent sur la bagnole le chef il faut toujours parler au chef il dit vous pouvez vous mettre là - mais la nuit c'est un monde étrange on file ailleurs au bords de la rivière on pose deux tentes et on boit et on regarde les montagnes les pyramides de Visoko la poitrine énorme qui se découpe dans la nuit - à Visoko certains repartent avec nos papiers avec l'appareil photo et on erre sous la pluie le matin on erre on erre - je n'ai jamais arpenté Visoko je n'ai pas marché dans les ruelles du marché je ne suis pas entré de le commissariat j'ai attendu sur les marches d'un hôtel sous un toit de tôle - j'ai mangé des sandwichs affreux à Visoko j'ai cuvé mon vin à Visoko j'ai écouté la pluie tomber sur le toit du Van je voulais partir seul dans le camion - je voulais rouler seul et longtemps longtemps longtemps la direction c'était pas important - il pleuvait à Visoko et tu pensais encore à la rouille de Zenica - c'est ton corps c'est ton cœur qui étaient rouillés - et la pluie coulait sur ta peau.

17/06/2009 Vue remontée

non Sarajevo c'est un mot déjà le mot déjà ça dit tellement et ça cache tellement enfin nous à notre âge ce qu'on en sait - parle pour toi mon vieux - oui j'entrais dans Sarajevo on lâchait le Van et on allait marcher on traversait la Miljaca la Miljaca c'est la flotte la rivière elle est là - et pas bien profonde marron la flotte et on allait marcher on allait vers le centre on allait vers l'ambassade on marchait dans les ruelles dans les parcs publiques et tu ne savais rien tu ne savais rien des impacts des immeubles inhabités des façades effondrés tu ne savais rien - rien des belles baraques des commerces des Bureks de la vieille ville - des toits de tuiles toi tu allais tranquille tu marchais tu ne faisais aucune photo - on t'avais volé ton appareil et dans ton carnet tu notais tu notais sans cesse Sarajevo déjà c'est un mot déjà le mot il dit tellement - les camions filent qui transportent des légumes - les vieillards jouent sans bruit aux échecs - dans les échoppes la bouffe elle grille sur les murs les impacts et tu es là - accoudé à un pont sur la Miljaca - tu regardes un tas de bouteilles d'eau accrochées à une pierre - tu es à Sarajevo.

17/06/2009 Vue présente

à quoi ça sert à quoi ça sert écoute je vais te dire c'est comme tout le reste ça sert à rien ça n'a pas de sens - j'en connais ils disent en attendant la mort suis pas vraiment d'accord non non non - on est là dans un quelque chose de parler - on se raconte des histoires - on se pose des questions qu'est-ce que c'est de raconter être seul sur un boulevard perdu fouetté par une micro tempête de poussière - qu'est-ce que c'est sentir la pointe d'un fusil mitrailleur sur son mollet un soir d'été - comment ça se raconte - comment ça se dit - qu'est-ce que c'est d'attendre sous un hangar de tôle bleue par 45°C entouré de gars portant lunettes de soleil et fusil d'assaut - comment ça se raconte - comment ça se dit - qu'est-ce que ça dit sur le gars derrière ses lunettes de soleil - qu'est-ce que ça dit sur la couille molle qui te raconte ça.

16/06/2009 Vue présente

ah non non non je suis pas d'accord non je suis pas d'accord - c'est pas là pour être au mieux écraser tout ce qui entoure non non non - et oui je fais dans mon froc à chaque fois oui oui il n'y a aucun projet on parle de quoi on parle de trajet tu vois ah non non non je suis pas d'accord c'est là c'est pour qu'on avance qu'on parle tu vois qu'on parle - c'est un trajet de discussion vivre ça ressemble c'est pas très loin arrête s'il te plaît arrête tu vois pas tu sens pas comme on ne se comprend plus.

16/06/2009 Vue présente

écrire mettre les mots ça peut être pareil pour jouer ou bien gratter peindre aussi très certainement - comment ça fait comment ça tient quand l'émotion est là vidée de son énergie - attendre à nouveau la pleine charge.

15/06/2009 Vue présente

comment tu dis un réel ce qui t'as traversé comment tu le dis plusieurs années après surtout quand ça te remue le jour ça te dit - tu n'as rien compris tu n'as rien vu tu avais les yeux ouverts tu les avais bien ouverts sur tes entrailles et comme tu as envie de dire autre chose que tes tripes - comme la route c'était d'avancer comme ça à travers un tunnel et comme tu l'as fait et comme tu étais là pourtant poussière - combien de fois tu as dit ce mot poussière combien de fois le mot route le mot bitume le mot souffler et comme ça te traverse - le réel.

15/06/2009 Vue du jour

les espaces ils sont aussi comme des boîtes des mondes où tu vivrais dedans la salle entre les tours souvent il y fait chaud et même si déjà c'est un peu un voyage ici - tu filerais bien loin loin loin seulement parce que le béton encore que tu sais bien - à peu de choses près pareil ailleurs sinon que dans leurs sourires au moins il y a ce qu'on peut dire comme de l'air - et tu voudrais souffler une jolie musique avec ta bouche avec ta langue.

15/06/2009 Vue remontée

une langue de bitume longue et sinueuse ça commence dans une vallée puis quelques montagnes avant de redescendre vers la capitale - deux voies deux voies de bitume usé troué et les bagnoles toutes là vers la capitale - les baraques défoncées les 4x4 de l'ONU et la ville qui s'étend dans le Van ils sont tous là qui dorment et tu entres seul à Sarajevo tu files sur les boulevards tu te guides à peine entre les grandes avenues tu doubles les vieilles Yugos tu traverses la fumée noire des vieux camions chargés tu roules - immeuble éventré et série d'impacts sur les murs les façades toutes noires de gaz d'échappement tu roules vers le vieux centre tu roules dans Sarajevo tu as dans la tête - toutes les bornes toutes les routes déjà usées dans le Nord du pays - et tu roules et tu ne sais rien.