31/12/2009 Vue présente

c'est comme toutes les pluies entières venues s'écraser folles sur les fronts suant oui c'est ça suant - et même si tu savais comme on parle vrai comme mutine aussi mutine - tu marcherais droit sous la pluie et elle serait froide - tu taperais dans un caillou il n'irait pas loin - et ce serait le début tu sais ce que certains disent des mots comme l'amour total - ça ne parle quasiment plus de corps (ce qu'il faudrait tu sais mon vieux - c'est que tu dises vraiment clairement).

27/12/2009 Vue présente

entre-temps entre monde entre chiens et nous - que ça s'affone au maximum en plein dans le flou qu'on avance aphone sans rien dire - sans rien dire - qu'on a pas le temps que nos fantômes entiers les ogres bouffent les nerfs et ça s'effondre cascade et tu cours - tu cours à travers les rues d'une ville tu fonces - tu cognes dans un vieille dame te tords la cheville sur un trottoir - un trottoir entre temps entre nous entre chiens et loups tu arrives essoufflé te plie en deux devant l'horizon - la plaine est immense - elle t'attend.

26/12/2009 Vue présente

c'est nuit et tu as tout un monde entre les mains - les plaines qu'on a vu et ce bitume - combien de fois déjà et c'est comme si c'était allez - Oulan Bator - et tu conduirais un vieux pick-up et tu filerais dans une plaine - et sur l'eau gelée l'asphalte il est déglingue - tu glisses - ton corps il serait vide et tes tripes toutes alentour - ce qui s'est dit ici - ce qui ne se dira jamais - où tu files.

25/12/2009 Vue présente

RÈGLES - tout d'abord - placer des règles - et puis foutre des coups de pieds dedans c'est comme des tas de terre poussières.

PLAINES - les grandes plaines bleus jaunes toutes - à parcourir avide chancelant.

BITUME - toujours - et tu n'as pas peur de répéter sans cesse la même - dire - très exactement - ce qui a lieu et ce qui se trace.

FANTÔMES - si tu dis redis toujours encore ça tout ça - pas grave - ni fausses pistes ni terres égarées - elles sont toutes perdues tordues - et tu trembles de ne pas dire ce qui doit être dit.

OBJET - ça n'a pas d'objet ça ne se décide pas ce qui doit est là - devant ce que tu as de tête tripes et s'écoule immense en un fleuve il se gave bleu s'étale boue rigole.

LOINTAIN - ça ne file pas ce qu'on voit loin est une image le plus souvent faux un nuage de poussières et s'enroule dingue sous tes pas dérobe.

SOUFFLE - ça te pousse loin et tu ne sais pas saura jamais comment ce souffle.

24/12/2009 Vue présente

l'envie longue large - d'une plaine entière - et blanche jaune chaude - et qu'un fleuve rouge se perde sèche au travers.

22/12/2009 Vue présente

la pluie ça fait ce bruit tu sais sur le toit tu es devant ton bureau tu as passé deux morceaux et il y avait des violons tu regardes ton écran d'ordinateur - deux heures passent - parfois la pierre en face le mur - rien pas les mots - seulement si - des larmes.

19/12/2009 Vue présente

ce que blanc de lent à l'intérieur n'affone pas comment quoi - ce qu'érupte de langue à peine en silence mince filet simple rien - et ce qu'entre temps.

16/12/2009 Vue remontée

tu es sur la plage à Mamaia et tu marches dans le sable un autre jour tu regardes une photo tu as un tirage noir et blanc dans ta main et c'est une mouette - une mouette dans le soleil autour les nuages c'est juste ça - la photo elle est plutôt jolie tu l'aimes bien tu la regardes souvent et tu te perds encore une fois tu ne sais plus tu ne sais jamais tu écris quoi tu écris quand et tu t'en fous à la fin merde - et tu l'écris pour en être sur - tu es sur la plage à Mamaia et tu regardes le soleil droit dans les yeux - tu transpires le vent est chaud c'est plein aout tu vas te foutre la gueule dans l'eau - ça n'a pas vraiment de sens ou bien tu ne sais pas quoi - à ce moment là - tu le sais - tu es là - tout à fait là.

15/12/2009 Vue remontée

dans la nuit après l'absinthe les flammes ça se passe au Roxy tu fais cracher ses billets au distributeur et la nuit continue - tu marches avec d'autres encore dans la nuit le pont Charles et les lampadaires le vent d'aout c'est comme neige non l'absinthe une calèche file qui claque sur les pavés tu marches et tu parles parles débite tout ce que tu - chut - faudrait peut-être un peu voir à la fermer non quand il souffle le vent sur les pavés du pont Charles non après tu marches plus personne ne dit non ne parle - le jour se lève et tu t'endors sur des sièges de bagnole vitre ouverte gueule.

15/12/2009 Vue présente

ce que les silences disent entiers mangent.

14/12/2009 Vue remontée

une dizaine de grues immenses bleues jaunes au bord de la Mer Noire - les mouettes autour du minaret - le port là - le souffle de la ville.

10/12/2009 Vue présente

marqueur bleu sur mon bureau :

nos vies les plaines - première époque - nos incendies les terres fertiles - ce n'est jamais le printemps ce n'est jamais l'automne - et tu ne dis jamais rien - tu ne dis jamais rein tu marches tu marches avances enfonce fonce et glingue carlingue je t'aime je t'aime mais redis-moi la vie mode d'emploi - et l'art pique - l'autoroute des rêves tu dérailles et cailles à l'ouest à l'est là bas on dit que le vent souffle toujours -

09/12/2009 Vue remontée


08/12/2009 Vue présente

ce que ça prend le temps d'écrire déjà c'est parti le plus souvent ce que tu avais à dire c'est pour ça que - ce qu'il faut c'est faire en sorte d'aller au plus vite surtout ta langue - ta langue doit être la plus rapide elle doit suivre exactement très exactement les tripes au plus près tu verras certains jours c'est trois pages certains jours - une ou deux lignes.

08/12/2009 Vue du jour

celle que tous les jours avec les toutes bagnoles et parfois gyrophares les prix affichés tu pourrais noter chaque jour on verrait ça donne quoi - en grand au dessus quelque chose comme une marque dans d'autres pays c'est beaucoup plus clair exemple - rompetrol - celle où tu t'arrêtes route vers Prague les bagnoles vertes blanches la douane les chiottes néons blancs pas dormi depuis quand - une autre pas loin non plus celle-ci tu t'en souviens parce que le capot ouvert sur une photo noir et blanc le café fumant sur le toit un ou deux écrous rouillés sur le bitume - d'autres et ça te rendrait fou tu passerais une journée entière à te redire toutes les stations de tes routes tu ferais une longue suite de textes et tu dirais chaque station essence et tu écrirais l'histoire fabuleuse des routes immenses -

dans les montagnes à l'Est de Sarajevo sous la pluie tu arrêtes le van blanc la boue tout autour sur la carrosserie un homme sort qui pose le pistolet dans le réservoir et le vent souffle la pluie sur ta gueule usée - tu entends au loin un camion s'éloigner c'est assez lent faut pas s'imaginer non plus et puis alentour les herbes sèches quelques baraques la porte elle déclenche une sonnette une carte de crédit dans le sabot crac crac - deux fois tu démarres et roule - était-ce la même année tu ne sais pas tu ne sais rien tu sais seulement les terres entières que tu as parcourues les plaines jamais sans le gasoil de nos vies - alors fait pas chier à la fin merde et que ça avance la carlingue la route est bleue noire elle fume encore fraîche étalée le pistolet coule sur le bitume - tes pieds dans une flaque mon amour est un diesel sans nom - la poignée de biftons qu'il laisse au patron dans sa cotte rouge essaye un peu voir rouge cotte -

c'est une autre en Espagne un jour de pluie c'est le mois d'aout - tu remontes plein Nord et tu ne sais rien - le bus roule depuis Tanger file vers Amsterdam - tu descends sous la pluie tu paies un sandwich une bière - des gars prient qui s'agenouillent sous l'auvent - les bagnoles filent autour tu mets deux pièces dans un distributeur de cigarettes - tu as froid - tu as froid en Pologne station Oswicem tu paies le plein de gasoil et tu as froid - il pleut toutes les pluies combien de pluies sous des préaux néons blancs - les moteurs chauds l'essence les haut-parleurs des tubes épuisés - souvent le son des bagnoles elles croisent à côté -

ou encore des camions immenses sur un cliché c'est une photo numérique le pays imagine c'est la Jordanie les chiens aboient la caravane passe - et c'est pareil à l'intérieur et c'est pareil tu es assis sur les marches d'un chiotte le soleil derrière - ça s'éclate rouge orange et mange ton soda mon vieux - ce que tu n'as pas avalé depuis le matin les 45 degrés ça va non trois grands coups de klaxon et la semi-remorque s'amoncelle entière en tes mondes - au pied du pistolet à gasoil les gouttes un homme éteint sa clope sur le bitume souillé -

et sales toutes les aires d'autoroutes un jour tu te lèves tu prends ta voiture tu files seul vers le Nord tu roules tu roules tu assèches les nationales - tu t'imagines d'autres routes d'autres voitures d'autres époques et pourtant tu es là bien là à la station essence autoroute plein Nord plus haut Lille - des hommes ont sorti leurs tapis qui prient sur le bitume les papiers tous poussés par le vent gris l'appareil photo sur le tableau de bord tu déclenches - et la mise au point calée sur l'infini -

jusque la capitale - la capitale là-bas la route elle te pousse poussière alentours tu entends ils hurlent les chiens errants - deux néons blancs sous le préau et derrière le grillage ils aboient baves aussi sur le béton des tubes dans les baffles - quelques canettes de bières vides - jusque la capitale les chiens maigres sous leurs poils ras maigres les lampadaires autour -

blanche la lumière au carrefour proche l'Arena deux larges boulevards se croisent pendant qu'une station dort dans le noir - un chien traverse qui court droit - un autre est là qui contre une pile de pneus hurle dingue -

oui - et ça ne s'arrêterait plus nous aussi on hurlerait dingues sans cesse on braillerait - on braillerait - on braillerait tant imagine un peu et ça serait le temps de l'appuiement sur l'accélérateur - et on roulerait - on roulerait sans fin jusqu'à la prochaine station on filerait - on filerait dans la nuit on pousserait jusqu'à ce que les réservoirs s'affonnent hurlent tous comme nous les chiens -

devant la station essence à Tulcéa quand tu arrives depuis Constanta - une BMW bleue immatriculée DIP attend - suivez-là -

celle qu'à la frontière remontant le Monténégro tu t'arrêtes parce qu'il vomit ses tripes entières dans un sac plastique noir et la fatigue d'avoir épuisé nos corps tous raides - les planches en bois blanc sur les vitres les portes toutes condamnées les coups de klaxons autour -

les coups de klaxon dans la nuit au bord d'une route.





06/12/2009 Vue remontée

comment dire très exactement tout à fait ce qui a lieu comment dire vraiment - la pluie sur un pare brise les essuie-glaces et les phares tous rouges à perte - et ce que ça dit du réel.

06/12/2009 Vue présente

ce qui s'écoule de vivre - le liquide rouge d'un pot de peinture sur les cartons tout là - ce que tu égorges purge - et comme tu le dis mal.

02/12/2009 Vue remontée

on pourrait se dire tu te dis c'est très sérieux ça manque d'humain là ce qui vit tu dis toujours corps corps corps ta gueule puisque - et quelle histoire tu racontes est-ce que ça vaut ça se dit même quelle histoire on raconte sinon la langue - la langue et les routes les langues de bitume à travers le continent et plus loin peut-être encore on pourrait s'envoyer quelle histoire - quelle plaine non non la gueule - je penses à eux qui là l'essentiel.

02/12/2009 Vue présente

ce qu'il faudrait c'est d'une masse d'une pioche d'une hache fâche qu'on saucissonne et qu'on pousse les murs et les parois - qu'on ne cogne plus qu'on enfume les murs que ça s'écroule tout alentour et que les corps filent - que les corps dingues achoppent flinguent leurs fantômes leurs errants et courir et courir.

01/12/2009 Vue présente

un caillou blanc voilà c'est juste question d'un caillou blanc ça se trouve c'est sur la route un caillou comme ça - un petit caillou blanc seul entier blanc dans le grand dehors et tu ne le vois pas - tu ne vois rien - tu ne vois rien tu fonces files dans tes plaines tes plaines arides tu ne vois rien jamais rien - un jour tu ouvres la main tu ouvriras ta main tu verras un petit caillou blanc un caillou blanc au creux de la main - ce qu'il faut courir entre les deux avant d'y être.