je regardais la pluie tomber - il faisait bon l'odeur de l'herbe l'odeur du printemps se mêlaient à la poussière tout juste mouillée à la pluie - sur le toit les gouttes toutes comme une petite musique nostalgique les nuages étaient gris le soleil à travers - au loin un tracteur filait qui tremblait un peu - je regardais la pluie tomber et j'avais comme un sentiment incomplet - je me demandais pourquoi à chaque grand coup de poing dans la gueule je la fermais entière silencieuse - ma gueule - j'avais envie de dormir c'est chaque fois pareil un peu comme si la machine se mettait en veille ou plutôt sécurité surchauffe - quand le compte-tour reste calé zone rouge - je regardais la pluie tomber et la vérité apparaissait là clair comme l'arc-en-ciel qui dans le champ en face - la pluie le soleil le vent tout ça là ensemble - j'avais envie de fumer en regardant cet arc-en-ciel - la fin de l'hiver un printemps dérangé tout ça -j'avais envie de fumer et de cracher par terre - j'avais envie de fumer et de taper dans un caillou - oh pas très fort juste comme ça - après j'aurai marché un peu sous la pluie je sais pas - ah oui - à un moment je me souviens il y a eu quelques larmes - pas beaucoup tu sais des larmes bien chaudes et chargées qui te coulent sur la peau et font un trait ou deux très larges en glissant comme ça -après je ne sais plus je crois j'ai tombé.
18/03/2010 Vue remontée
ce qu'on met dans nos carlingues - à s'en faire péter les turbines - on the road etc - nulle vision à la station essence du supermarché ce jour-là - plus d'un euro le litre ça te revient oui c'est ça - quel été quelles routes - ah oui voilà - on avait parcouru toute l'Europe - d'Atlantique à la Mer Noire - et le Danube le fleuve meule mâle - qu'avance fonce à travers l'Allemagne Willy Betz jaune bleu dans le ciel Willy Betz à doubler Munich et à filer plein Ouest - dans les corps le chemin vers l'Ouest n'a jamais le même tremblé rouge sang qu'importe - Diezel Gazole mon amour quand d'une main chaude mon pistolet dans le réservoir j'appuie sur la gâchette défilement les chiffres le rêve à plus d'un euro cinquante le litre ça reste moins cher que la vodka - Diezel Gazole en toutes les langues et pour toutes les routes - un jour tu seras grand vieux un jour d'un pistolet à essence tu comprendras l'essentiel.
17/03/2010 Vue remontée
le cul dans l'herbe et encore suant à tirer sur un clope - la pleine côte dans les jambes qu'on a raides un peu - le lac en bas gros comme rien et ta tête tourne tangue trace à l'abri l'orage en pleine gueule - comme on a tremblé - comme on a ri.
14/03/2010 Vue du jour
quelque chose de la folk musique dans les baffles et rockeur à son heure - désert désert - la route entière - sous les yeux le bitumebitume n'en finit pas noir sous les phares - j'ai des visions il dit des coups de poignard dans le dos il dit.
12/03/2010 Vue remontée
qui tous fantômes alors donc au volant des carlingues qu'ils nous filent lointains - carina stop et ne se diront plus rien - alors ils tirent sur leurs clopes en silence.
12/03/2010 Vue remontée
qui là devant le Meded le Meded ont tous marché - épuisés matent affonés ivres des montagnes à côté le feu encore feu les ardents - ce qu'ils ont vu là-haut les corps chauds rappelle toi assis sur le col - la tempête.
11/03/2010 Vue remontée
l'aiguille du compteur 120 peut-être et le bitume parfois encore frais la station essence - liquide tout par terre le pistolet dans la main pour remplir - ras-la-gueule et l'odeur encore qu'on a mis de la sciure autour trois gars sont assis là qui discutent les fringues toutes tâchées un camion file qui résonne encore - le tas de biftons d'une main à l'autre et rouler quelle excitation d'appuyer sur la pédale - et pourquoi ça nous tremble avance avance vieille carlingue - hier soir tempête Camping International no place for you my friend - à Timisoara la danse des bagnoles au rond-point le gyrophares bleu mou d'une ambulance ne tirez pas - l'aiguille du compteur 120 peut-être et dans les baffles je taille ma route ça chante encore qu'une bagnole blanche bleue blanche verte sirènes hurlantes sa chemise blanche est blanche est belle - la machina plein le capot la machina l'aiguille du compteur 120 peut-être pour doubler tu te mets au milieu les autres ils s'écartent en face t'inquiètes - filant le vent chaud fouette nos gueules.
11/03/2010 Vue du jour
quand elle dit c'est pour un roman parce qu'elle aime l'écriture alors comme vos traits sont vraiment intéressants - elle pourrait prendre une photo et comme ça après elle écrirait et elle tremble un peu ça se voit la photo - elle sera floue.
10/03/2010 Vue du jour
c'est une ombre ta bagnole une ombre dans le soleil et la plaine - tu te fais des films magnifiques tu tires sur ton clope et tu es un cow-boys - elle s'étend loin là qu'un camion va bientôt te secouer Ripoche Transports ou quelque chose - avec du rouge rouge et le souffle remue un peu la carlingue d'une main tu déclenche la photo d'une main tu passes la cinquième d'une main ta cigarette là d'une main tu augmentes le volume d'une main tu écris ce poème.
09/03/2010 Vue du jour
à pleine bouche les mots tous dits là entre le feu entre les bières qui arrivèrent les mots - d'un autre continent et il parlait et il parlait - c'est comme si tu avais pris l'avion pour - c'est comme si tu n'avais pas bougé depuis - c'est comme si tu n'arrivais pas à dire l'essentiel.
08/03/2010 Vue remontée
à Istanbul déjà le froid t'imagines pas comme à 25 ou 30 degré il faisait froid sans doute aussi à l'intérieur ta tête toute poussière - sur le boulevard quel nom pouvait-il avoir les bus pour Téhéran à 25 dollars le trajet - tu traverses un marché tu files vers la mer et tu fumes des clopes en regardant l'horizon en regardant les bateaux tu fumes des clopes en discutant - ton vieux pote qui là sur les mêmes pierres regarde le même soleil combien de temps ça te restera là - les routes qu'on a usées dingue - le temps qu'a passé -le temps qu'a passé là - à cinq heures du matin quelque chose comme ça tu embarques et le soleil à travers les hublots tes oreilles se bouchent écrasées pression - le bruit sourd des réacteurs les réacteurs - ta gueule à l'escale dans les chiottes de l'aéroport Genève - ta gueule usée raide et tu ne sais plus - uppercut dans ta gueule jusque dans le RER en silence - assis à côté de ton vieux pote ton sac entre les jambes béton de Paris nos langues toutes éteintes - à la gare je me souviens on s'est serré dans les bras on s'est dit à bientôt quelque chose dans le genre on n'a pas pleuré parce que bon tu vois c'était pas comme ça on était ailleurs en fait on était ailleurs - après tu as erré deux heures devant des TGV et après ce qu'il s'est passé comment dire - ça ne se dit pas silence comme tes oreilles bouchées pendant plusieurs jours - dans la voiture celle qui rentrait à la maison tu aurais pu tout casser tu aurais pu parler pendant des heures tu aurais pu pleurer tu étais heureux - oh ce n'était pas le retour du guerrier aventurier nan nan nan - plus d'une fois tu as chié dans ton froc plus d'une fois après ça continue la vie la vie ça continue - la poussière il en reste encore dans ton sac à dos ce qui a remué là n'en finit pas de trembler ton corps.
06/03/2010 Vue présente
les mots faut faire gaffe ça te casse crache tacle et fer chaud un cuir ta peau marquée comme une bête - et ça ne s'échappe pas les mots ça ne s'efface pas les mots et tu peux souffler oui c'est ça - comme une bête tu n'oublieras pas comme une bête ce qu'on dit ce qu'on fait.
04/03/2010 Vue présente
"deux gars souls un soir" - nul doute aucun qu'à deux heures zéro quatre ce soir là quoi - ce qui tremblait dans leur corps ce que tac tac tac - on s'agrippe aux bastingages tac tac tac - on s'arroge on s'accroche on s'amoche mâche tes mots - la pointe du crayon bute un peu c'est du béton nos nuits c'est du bitume nos routes - tu penses à qui avec ces deux petits dessins sur ton écran d'ordinateur tu penses à qui - on s'agrippe aux bastingages tac tac tac on s'raccroche à nos murs des parois - on se cogne aux parois sans ce cesse aux parois. (photo : B. Hamon)
03/03/2010 Vue du jour
les phares blancs de la tire dans le noir du matin avec un peu de bleu là dans la nuit - ça te revient les phares blancs dans le bitumebitume autoroute - combien de nuits - combien de routes - cette sensation toujours la même très tôt le volant dans le noir le corps encore plein de fatigue tout à fait café.
04/03/2010 Vue présente
trois fois poussière plus que jamais poussière - et tu pourrais cracher même rance la vie - sur les carreaux d'un chiotte sur les murs le béton parpaings nos mots tous bien scellés - nos mots tous poussières.
02/03/2010 Vue présente
à toute route son horizon le bitume noir noir de Robert Frank c'est comme un rêve sans fin l'odeur de l'huile chaude - et sous le bleu de l'hiver infime poussière tu t'épuises carcasse tu t'effondres carcasse - tellement mauvais tous mots rien que mots mal posés là tu pleures à peine - la main sur le volant.
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