F(r)acture numérique

Dans les univers du numérique on a beau suivre les nombreux les qui inventent, un peu le grand vide puisqu'en ligne que reste-t-il du matériel ? Sinon une absence quand l'un ou l'autre flanche. Alors le vieux pc est sur la table d'opération, on ne sait pas même s'il s'en relèvera. Peut-être quelques séquelles. Temps d'un bilan quant aux pratiques du numérique, d'autant plus visible dans l'absence.

C'est le café GoogleReader du matin (veille?), avec page mail ouverte à côté et les fenêtres une à une ouverte parfois refermée ou pas, l'envie de relire après le pain beurre ou bien revue d'actu. Un bouquin en Calaméo encore, quelque chose comme de la poésie sur un semblant de papier électronique.

Ce n'est pas l'encre électronique du CyBook puisque arrivé là, comment on le recharge (malgré son autonomie très importante) et comment on ajoute un dernier texte à bouquiner, questions sans réponses puisque sans l'outil informatique, rien ne bouge alors.

Crash matériel alors -pas parler plantage logiciel- et question de sauvegarde. Puisqu'on a pas forcément le réflexe toujours, ni les moyens, d'une sauvegarde sur disque externe (revenir sur les moyens). Finalement quoi ? Il faudrait une sauvegarde mobile ainsi, et des gigas ailleurs, continent lointain et divers serveurs (certains proposent Honolulu). Car si on est pas forcément là dans la grosse production, il y a cette accumulation de textes et photos dont on aimerait trace. Et pour la lecture numérique, désormais on retrouve sur les serveurs de téléchargement et éditeurs les fichiers perdus, pas de problème. Mais le temps. Fichiers téléchargés sur ebooks gratuits par exemple, à recommencer.

Ça reste aussi questionnement : usage mails et communication, mini chat (dont on ferait livre) pour se dire lointain quelques mots, le suivi blogs quotidien pour savoir où ça en est.

Pour finir on est là face au poids du fric. Combien ça coute un outil informatique, solution portable ou non, avec l'envie de plus en plus forte d'un tout libre basé Linux, puisque tous les outils sont là disponibles. Après alors peut-être, un terminal de lecture électronique, toujours hors de prix et en constante innovation (en attendant profiter de l'offre BU Angers). Aussi : photographie numérique ? Quoi faire pour tenir dans le budget ?

Alors oui, beaucoup de bonnes raisons pour que le livre numérique remporte la partie (beaucoup aussi, pour qu'il nous dérange), en attendant, money money...

Fracture numérique et vins au verre

La fracture numérique il dit dans un de ces lieux où la vie encore, puisque il en existe. C'était une bonne soirée et elle a commencé comme ça tu penses quoi de la fracture numérique moi j'y connais rien non si enfin, c'est quoi avoir d'un côté une bibliothèque numérique avec lecture nomade sur terminaux de lecture et de l'autre papier sur étagère. C'est quoi sinon que l'un comme l'autre reste dans le domaine passion pour moi. Avec toujours un plus -mais ce n'est pas inaltérable, à suivre avec évolutions techniques- côté papier pour la qualité de lecture (n'ai pas dit le pratique).

Alors fracture numérique puisque d'un côté l'humanité dans son chambard binaire numérise à tour de bras, et c'est lutte de pouvoir là aussi, avec enjeux industriels et business plan off course, et de l'autre le reste de la planète, chacun sait de quel "reste" on cause ici, rien n'a changé, qui n'a pas même accès à la technologie informatique. Reste qu'une petit bibliothèque de brousse sera peut-être mieux lue que l'univers "culture" des réseaux connectés. Disparition par le trop, apparition par le manque.

Alors de même, je pousse un réel vers le numérique, puisque ces mots, c'était d'abord dans le lieux des sens, avec dégustation de pinard et musique en live, et le prophète à côté ne tenait plus filait vers les plaines arides et sèches du grand tout numérique. Où l'on compte dizaine d'années pour mieux laisser vivre les possibles.

A tenir ainsi, j'ai quitté mes univers villes mais ça reste encore en moi. Les va-et-vients sont aussi du numérique au papier, Claro et son clavier cannibale, ce qui confirme les démarches blogo-numériques vers le livre, papier (Chevillard) ou numérique : Didion, De Jonckheere, Beintsingel...

Alors oui le Cybook, je l'ai toujours, et pour un mois encore, reste que c'est un prêt BU, qu'il faudra laisser la place aux autres, et que le tarif actuel me semble tout à fait inabordable pour un outil de ce genre. Il en existe qui ne supportent pas l'objet, et d'autres qui se lancent dans l'aventure. Questions tarifs, on peut aussi s'interroger. On tourne autour des 300 euros pour un terminal de lecture, les livres électroniques varient très largement : les éditeurs tout numérique comme publie.net proposent des tarifs très intéressants. Les grands distributeurs jouent une autre partition. Il est encore questions de format, et c'est casse-tête que se lancer à comprendre. On est dans le technique numérique. Reste qu'on a pas idée, je viens de lire Serge Valletti, Plus d'Histoires, alors si je veux le prêter à un ami, question théâtre, je pense quoi ? Ce fichier, je l'ai sur la machine, il vient de la BU Angers, est-ce que je peux le prêter, un petit envoi mail et c'est réglé ; ou bien je l'imprime, tout le monde n'a pas son Cybook ou autre ; et je dis quand tu l'as lu, tu le supprimes hein ? ; et je dis, garde le autant que tu veux ; puisque tout repose sur confiance et qu'il faut bien que chacun mange.

Alors pour prendre des ailes un peu, le numérique donne parallèle au papier, Hozan Kebo, le grutier poète. Et n'oubliez pas, le côte du Rhône n'a pas -encore!- son pendant numérique.



26/01/2009 Pratiques du numérique

Alors l'ebook oui. Sinon que c'est devenu un jeu, le soir je parle le soir j'amène le reader et c'est montrer qui me préoccupe, puis savoir ce qu'on en dit. Souvent, ils sont là qui s'interrogent et à peine convaincus non, ça ne tient pas là un livre, ce n'est pas comme ça, je veux du papier et le toucher le papier, l'avoir là qui sent et qui rugueux dit aussi son quelque chose à lui. Moi aussi.

Puisque un vrai livre reste solide là dans la main et qu'on sait que tout ce qu'il contient sera là immobile, real life, encore que, on peut imaginer quelques modifications, non ? Le fichier numérique est là qui préserve l'évolution. Via publie.net, on a accès aux nouvelles versions, améliorations, corrections des fichiers déjà achetés. Ça s'invente toujours et on a du mal à comprendre vers quel monde on avance.

Qu'importe, il y a cette part de curiosité qui donne l'envie d'ouvrir. Si bien qu'après fin de prêt Cybook en bibliothèque, y suis retourné parce que content de la bête, et toujours disponible dans la banque de prêt de la BU Angers.
Malgré tout et comme parfois à peine les moyens de s'acheter un bouquin, ces temps-là reviendront, pourquoi pas on profite de l'offre de livres électroniques disponibles et relire Marx, sans prétention politique non, simplement parce que l'envie et qu'on arrête pas ce genre d'envie. Et juste avant, les Notules de Philippe Didion. Et l'on constate que l'aventure numérique, dans son long cheminement (publie.net propose une sélection sur 2001-2007) tient aussi dans la dimension littérature. Comme avec le Désordre, finalement c'est un livre. Voilà qui oscille entre vie professionnelle (professeur en collège), vie privée, vie sanitaire, vie parisienne, vie sociale. Pérec aussi, puisque Ph. Didion est chargé de la rédaction du bulletin de l'association des amis de Georges Pérec, Epinal encore, ou l'auteur vit. Alors on peut ne pas être abonné aux Notules, et lire en panoramique l'expérience notulienne pour mieux suivre l'aventure. C'est un journal, et ça dit tout de même de l'humain et du réel.

Alors l'ebook encore. Et lire puisque c'est possible. Tout de même ramené quelques bouquins papiers : Emaz, Bon, Kerouac. J'assure mes classiques. Et Novarina.

Le Dracula numérik

Alors dans la nuit blanche des fins d'années souvent on fait de longues lectures. Espaces temps favorables et géographie déplacée, période de "fêtes" et vacances, vides de toute activité "rentable" ou tout simplement financière. Enfin l'espace divagation, s'attacher à l'essentiel.

Ainsi via l'eBook, à nouveau contact avec des territoires échappés depuis longtemps. Qui allait là pendant toute cette absence ? Qui tenait encore ? L'idée que ces univers existent et qu'on y vient pas voir, frousse. Pour moi, c'était le Dracula, Bram Stoker.

Pourquoi on en vient à une lecture ? Quel chemin depuis ce point, loin là-bas, et la dernière page du bouquin. Allez, disons bouquin, on a bien le droit. Qu'est-ce qu'un livre numérique ? Tout ça s'invente encore.

Et certainement nombreuses encore, les soirées où je sortirais entre deux verres un eBook de mon sac pour convaincre l'une ou l'autre, non simplement montrer, car la curiosité toujours, elle vient et tient, après on discute.

Allez savoir, sinon qu'un très bon ami me glisse le Rocky Horror Picture Show entre les mains, me laissant seulement une courte bande annonce pour mise en bouche. Et puis la nuit se fait de plus en plus présente. Et puis avec les aminches, en ces périodes d'hiver, on repasse en boucle nos quelques escapades en tire d'une rive à l'autre, à travers Carpates jusque Mer Noire. Finalement le fichier sur la machine, et puis lire.

Pas cherché ce que j'ai trouvé dans cette lecture. Enquête. C'était revenir aux lectures de l'enfant, à l'ado quand on avalait d'une traite un bouquin qui fichait la frousse, une aventure de gamins. Alors Dracula oui, j'ai aimé lire ce bouquin. Et l'eBook, l'outil lui-même m'a amené là. Parce que c'est via web que j'ai trouvé le fichier. Parce que dans les déplacements trains etc. j'ai transporter facilement ma petite machine, et que tard le soir je m'endormais dessus, la page encore ouverte au matin. Parce qu'après une journée neige fatigue, et simplement d'une main on tient le petit boitier, pas besoin de se battre avec l'une ou l'autre page têtue, à toujours vouloir se refermer.

Et puis Rocky Horror Picture Show. Tout ça ne va pas forcément dans le même monde. Puisqu'il y a parodie dans le film. Mais tout de même : l'impression d'avoir continué l'univers découvert. Sinon qu'à la fin, le Dracula non puisque tout est beau -mais le suspens est né et a tenu-, le Rocky Horror aussi puisque le meilleur du son arrive en première partie (ex Time Warp).

Reste que j'ai pris réel plaisir à lire L'Enterrement de François Bon sur un vrai bouquin papier, que j'ai reçu le dernier numéro de la revue Contre-Allées, et que dans tout ça on parle papier, et qu'ailleurs aussi.


cyBook, revue de bugs

Alors bon, on peut bien être enthousiaste et aimer lire via machine CyBook, mais ne pas oublier tout de même que c'est machine, et qu'on est encore dans l'invention, et pas à l'abri de divers erreurs système et autres noirs électroniques : revue de bugs.

Si le cyBook est très long au démarrage, d'autres reader le sont beaucoup moins. Après test chrono, on approche les vingt-cinq (25) secondes, c'est long, très long. A ce stade, on oublie pas que la machine est machine, et pas livre. Quand je prends un bouquin, c'est pas bien long l'ouvrir, début ou bien reprendre en cours. Avec cyBook, on est ailleurs.
Et si, justement, c'est reprendre un livre en cours, une fois bibliothèque chargée, ça va très vite. Bien qu'on aimerait tactile, surtout quand on connait les avancés technologiques dans ce domaine, voir Apple et d'autres. Ceci pas pour faire comparatif (il y a des blogs beaucoup plus au point pour cela, le très bon Aldus par exemple), mais certains proposent d'aller plus loin.

Un classique du cyBook, que d'autres utilisateurs m'ont eux aussi rapporté : en fin de batterie, l'écran bloque sur la page dernièrement chargée . Ca peut arriver à tout moment : en lecture, au démarrage, en bibliothèque etc. Surprise. On se fait avoir une fois, après c'est ok : toujours un cordon USB pas trop loin, et chargement ordi.

Au branchement/débranchement USB, après avoir ajouté une série de fichiers électroniques, il arrive que la machine reste bloquée sur la page bibliothèque ou bien la parge chargement. Ensuite plus rien. Et si éteindre est impossible, reset.

L'utilisation des signets est assez intuitive et rapide. Malgré tout, on aurait préféré une touche dédiée, d'un coup pouvoir laisser un petit marque-page. Surtout, il est arrivé que tout mes signets disparaissent sur un fichier, ou bien qu'il soit impossible d'en placer. Alors fâché. Puisque pas évident de retrouver sa page quand on lit une gros bouquin, et d'autant plus que la numérotation n'apparaît pas. Peut-être possible via mise à jour, ou bien en bidouillant, mais pas trouvé pour l'instant. Reste qu'on peutn, de la même manière, perdre un marque-page glissé dans un bouquin papier.

Voilà pour les bugs principaux, et rencontrés récemment. Nul doute que tout cela va s'arranger. A suivre. Mais suivre justement : où il est question du prix. (à venir)
Et suivre aussi, demande de se pencher un peu sur la machine, si on met pas les mains dans le moteur, on reste avec peu de possibilités, aussi l'incompréhension face aux fichiers etc. Donc pour tous, pour l'accessibilité, attendre encore, que les formats se construisent et se comprennent, que les machines atteignent performances et simplicité.

Liens vers essais, vidéos etc. Puisque déjà beaucoup s'y sont mis :

Le wikipedia en dit quelques mots, photos via la plateforme Flickr, vidéo chez Aldus, quelques mots ici, avec réflexions sur vocabulaire (vrai qu'on est toujours dans l'hésitation à ce sujet), pour certains c'était il y a plus d'un an (détails à l'utilisation, quotidienne), banc d'essai chez Gizmodo en 1, 2, 3, 4 parties, et pour suivre tout ça, Aldus a un sacré stock de liens.

08/01/2009 L'eBook en voyage

Avoir transporté l'ebook d'ici à là-bas. Et dans la nuit du train, dans le jour du train, sur les routes toujours là sous la main pour lire et avaler kilomètres et pages dans une même continuité.

Avoir attiré plusieurs fois l'oeil d'un ou deux voyageurs certains se risquant même jusqu'à questionner keskecé et samarchkoman et surpris encore plus lorsque la machine dans leurs mains je l'avais mise.

Avoir pu lire -grande première- dans un bus mais pas n'importe quel bus, un Grenoble-Chamrousse avec virelots à souhaits et déjà traversée de la France dans les pattes plus nuit très peu de sommeil.

Avoir démarré la machine même après grand froid à 1700m d'altitude même réaction, aucun problème sinon yeux rivés.

Avoir pu lâché tout de même un peu la machine comme on lâche un livre, avec en tête l'histoire qui va seule dans son monde indemne, et qui tourne encore la nuit parfois, mais qu'on reprend facilement et les pages se tournent et ça ne s'arrête pas.

Avoir avalé les 600 pages du Dracula de Bram Stoker comme on avale un livre papier et avoir renoué avec la fiction pure, le fantastique.

Avoir lu du théâtre même du théâtre qui l'eut cru sur cette machine un régal.

Avoir passé des soirées entières les yeux sur l'écran alors que le temps filait dans un autre monde, dans un autre rêve et m'être endormi sur l'ebook comme on s'endort sur un livre papier lorsque -tard déjà- on veut pousser encore pour terminer au moins ce chapitre et l'autre peut-êt...

Avoir prolongé mon prêt à la BU Angers pour profiter encore de la machine quelques temps encore.

Avoir participé à 1 (un) jeu en ligne permettant de gagner un de ces appareils hors de prix et recevoir désormais de nombreuses publicités insupportables pour des "produits" tout à fait différents.

N'avoir écrit aucune (zéro) notes de lecture pendant tout ce temps.

Bon, Noël, Josse...

Alors lire Au buffet de la gare d'Angoulême (François Bon), et prendre grand plaisir puisque oui, les personnages sont là qui tiennent dans le réel. Et ça remue. Aussi parce que, qui prend régulièrement trains, TGV etc., sait, ce que c'est, attendre parce qu'un s'est jeté sous la machine. Dossier chez F. Bon.
Tout de même dans l'expérience ebook -trouver un autre nom pour ces bouquins- constater que ça tient aussi pour le théâtre. Le fichier dont je dispose est quelque peu endommagé : quelques répliques apparaissent oubliant le saut de ligne. Mais constater aussi une proximité avec le texte : je lis peu de théâtre, mais j'ai avalé cette pièce d'une traite. Et sentir des voix, résonnances entre le texte, la machine, et l'oreille.

Idem avec Le Mal de l'espèce. Long texte érotique de Bernard Noël. J'ai pu entendre et découvrir Bernard Noël lors d'une lecture à Lyon. Ce jour-là, c'était un texte plein de volonté politique. Heureux d'entendre ici renaître cette même voix, parlant de tout autre domaine. Toutes les phrases commencent par Elle. Et avaler le texte d'une traite. Constat dans l'utilisation de cette machine : confort de lecture, et au final, souvent lire d'une traite les bouquins. Aussi parce que pour la plupart jusqu'à maintenant : courts. Le Mal de l'Espèce, lu alors qu'un semblant de proche trainait en tête. Au final on pense : voilà ce que je voulais dire.

Puis Jacques Josse :
"Allongé, tout en os (veste noire, chemise blanche), Titus, l'ex-barman, est visité à l'heure où le dernier café de la falaise éteint ses feux.
Il le revoit. Le recale dans ses oeuvres. S'assoit sur la pierre. Ferme les yeux. Boit une goulée à sa santé.
"Ce soir-là, les gyrophares bleutés d'une ambulance clignotaient sans relâche dans l'eau du port où l'on venait de repêcher ton corps." "

Je disposais, pour Dormants, de trois fichiers : prc mobypocket, pdf écran, pdf ebook. Le cyBook est en conflit complet avec les pdf ebook (aussi testé le même format avec le Poussière de Lucien Suel, illisible et, bizarrement, je ne peux lire ce fichier qu'en face à face avec mon écran d'ordinateur). Mais le prc mobypocket est très bon pour Dormants. Un triptyque donc, fait de textes en blocs, et les morts, les dormants, sont là qui semblent pourtant debouts toujours. Jacques Josse, "entre Gutemberg et Internet", c'est de nouveau les vivants d'un pays pas si lointain, et puis les rades des ports de Bretagne, tout ça tient dans une écriture fragment, mémoire aux vents.
Mais lecture sur cyBook très agréable, tout de même s'être battu pour trouver le bon fichier, et donc pour lecture aéré, celle des petits blocs de texte de Josse, le format de la liseuse convient aussi, laisse le blanc ici ou là naître. On peut s'imaginer ce que serait le même texte sur beau papier, quand la main comprend aussi le calme et le fragmentaire, simplement par le touché de page.

On est là dans l'entre deux.

Alors sur la machine tu lis Sereine Berlottier, et tu retrouves un univers ville (photographies de François Bon), un de ces mondes écrire qu'un auteur lui-même ne choisit pas, territoire qui vous attrape et vous tient. Après on est dans le dedans et rien n'y fait. Et sur le cyBook, si parfois le bouton de tourner de page est un peu dur -d'autres l'ont déjà dit- ça ne change rien. On lit.

Aussi le Wagon de Jacques Serena, et là encore, comme avec Désordre, l'univers numérique invite vers le papier, on pourra se demander jusqu'à quand. (Serena sur remue.net) Alors via l'encre électronique de la machine, on parcours divers territoires et s'avère que la lecture, oui, tout à fait possible ainsi. Pour autant, le lire écran, oui ou non, choix impossible. Dans le schéma lecture, je m'empresse de reproduire l'idem : des mots, je les lis.

Pourtant, reste le plaisir à lire des livres, papiers, et leurs supports particuliers chez plusieurs éditeurs : les plaquettes de Jacques Josse, les Jacques Brémond (d'un extrême l'autre : lire Serena sur cybook, passer la main sur Je Cheval, Albane Gellé), Cheyne, Tarabuste... Nombreux qui continuent le travail. Labeur. Et celle-ci aussi dans le numérique.

Et le lecteur : on fait geste particulier à choisir tel auteur de poésie, tel bouquin tiré à 500 exemplaires et dont la commande puis la réception peut mettre plusieurs semaines. C'est comme aller vers une revue. Faire l'effort, chercher, puis le plaisir. Ou bien le déplacement bibliothèque, là encore c'est le lecteur qui va et agit. Ainsi on peut, exemple, à la Bm Angers consulter poémes d'Antoine Emaz sur support particuliers, travail avec artistes : plasticiens, sculpteurs etc. Effort donc. Mais tout est là qui est entier et ne bouge pas, ou peu, dans l'univers papier.

Alors numérique. Et dans la faille qu'on entrevoit, les pas de géant à effectuer. Télécharger un ebook se fait en peu de temps. Plusieurs sites le proposent, en ce qui concerne les auteurs du domaine public. Acheter des bouquins sur publie.net est très simple aussi. Je possède cinq ou six fichiers en plus de ceux déjà chargés dans le cyBook de la BU Angers. Au final, c'est la machine qui gère et le fichiers parfois, endommagé. Donc justification des paragraphes mauvaises, sauts de lignes intempestifs, espacement irrégulier... Rien que de très grave, mais le lecteur, s'il veut le confort, doit mettre la main dans le moteur, en attendant que tout se construise côté éditeur et terminaux de lecture. Rien à reprocher de ce côté là : ils sont dans l'invention, donc : tâtonnements. Exemple, actuellement, avec publie.net, une fois le compte ouvert, on dispose sur le serveur des fichiers et de leurs évolutions, retouches, ajouts, etc.

Alors même, comprendre, et soi-même récupérer des fichiers, bidouillage via logiciel pdfCreator -gratuit, car la question est ici aussi. Et comme tous on est dans la découverte, suivre chaque évolution (Publie.net toujours en recherche propose régulièrement de nouvelles formules), et c'est dans le technique, il faut s'y engouffrer. Si la démarche vers le lire papier peut être sympathique (espace bibliothèque, espace librairie,...), la démarche vers le numérique laisse parfois seul face au mur. Mais ça fissure par endroit. On imagine très bien d'ailleurs, la médiation en librairie, pour faciliter l'accès du lecteur.

A l'avenir, comprendre donc les formats de fichiers, pourquoi ma machine lit ceux-là, et bien, ceux-là aussi, en moins bien, et ceux-là pas du tout. Regretter qu'elle ne gère pas l'affichage de la numérotation des pages, d'autres machines le font. Si rien ne bouge dans le papier, le livre électronique, très exactement, n'existe pas. Bouge sans cesse. On est comme face à canyon, fossé immense quand depuis toujours les textes sont sur une page qui jamais ne bougent. De plus, s'il est facile de bidouiller une image, idem pour un texte. Et donc l'authenticité, gouffres. Suivre l'invention informatique dans ce domaine aussi.
A l'avenir encore, se frotter à de grande plage de lecture : lire La Recherche de Proust via reader, c'est possible, oui ou non.

On est là dans un entre-deux. "Ce laps de temps qu'il y a toujours entre quand on est arrivé à un moment crucial et quand on va devoir se remettre à bouger. Voilà." (Jacques Serena, Wagon, publie.net)

Du numérique au numérique, du numérique au papier, trajets avec P. de Jonckheere

J'ai longtemps traîné sur le site Désordre. Du bloc note, je filais le plus souvent vers des pages insoupçonnées. Dingues. Labyrinthe que forme ce site.
Mais longtemps c'est quoi dans nos univers écran ou même, 2008. Ça déguidonne sérieux là-haut puisque tout va si vite. Mais Désordre est installé dans le paysage web. et depuis longtemps. P. de Jonckheere est pionnier dans le domaine. Et on retrouve sa patte graphique sur quelques sites du web littéraire.

Dans ce Journal, on lit des extraits du blog courant de 2002 à 2005. Classés en trois parties, du nom de ses trois enfants. Pratique blog, un journal, et quelque chose aussi, de l'ordre du récit.

Du numérique au numérique

P. de
Jonckheere va des critiques d'exposition à des notes de lecture, pensées notées tard le soir ou bien récit d'un évenement particulier de la vie quotidienne. On entre presque dans la vie de la famille. Et ce n'est plus l'univers du blog, de l'Internet. On entre ailleurs. Plutôt dans le livre. Cela semble possible, oui.

Interrogations sur l'image, P. de Jonckheere a étudié aux Arts Déco avant de passer trois années à Chicago -contacts avec des artistes comme Barbare Crane ou Robert Heineken. Après le récit de la reproduction en douce d'une lithographie, il pointe du doigt le nombre conséquent d'images quotidiennes. Tous les jours. Et les modifications -accessibles à tous dans l'ère numérique- qu'on peut y ajouter. Souligner aussi les préoccupations politique, voire cette analyse du film Caché de Michael Haneke.

Malgré tout de temps à autre, pourquoi écrire ? "Je me dis souvent que j'écris presque tous les jours dans le bloc-notes pour les enfants pour que je ne sois pas une énigme indéchiffrable pour eux plus tard, dans longtemps." Car l'univers famille à sa place et plutôt bien aménagée dans le Désordre : "Je les aime tellement. Je les aime. Je les aime à la folie." Blog, publication en ligne donc, mais qui n'exclut pas l'évocation d'un élément douloureux de la vie, voir "Mardi 4 mars, Pontoise".

Cependant, quand apparaît un texte en réponse au Tumulte de François Bon. On est comme désemparé. L'envie d'aller relire ce texte. Mais impossible via Internet. Et comment le retrouver dans le livre papier. Univers qui s'achoppent, s'affrontent ou bien se caressent.

Quand on a bien avalé les 400 pages du Journal, on se dit une fois de plus tout roule avec cette petite machine. Mais l'envie de retourner en ligne. Lire la suite. Dernière mise en ligne du bloc note ? Et Philippe de Jonckheere lui même d'écrire : "mais surtout ce que je remarque, c'est que mon intuition première n'était pas infondée, le bloc-notes est surtout fait pour être lu en ligne. Si on lui retire, d'une part les images, d'autre part les liens et les fichiers sons et vidéo, on le dépouille de beaucoup et c'est alors que l'on voit que le texte seul est fort nu." On ne va pas si loin, puisque plaisir clair à la lecture de ce Journal. Et lecture dense depuis le CyBook tout à fait possible. Du bloc-note en ligne, blog, est venue l'écriture longue, ça n'est peut-être qu'un souffle, une légère brise, ce n'est peut-être pas autre chose, c'est peut-être la littérature.

Trajet immédiat donc, du numérique au numérique. Et ça reste dans le numérique. Via lecture en ligne ou exploration de Désordre.

Du numérique au papier

Mais on ne s'arrête pas là, Robert Frank photographe, idem sur la machine. Mémoire de fin d'études de Philippe de Jonckheere. Version en cours de cet essai, réflexion sur la photographie. A peine entamé que déjà, l'envie d'aller plus loin.
Prendre la tire, filer à la bibliothèque et emprunter Les Américains, Robert Frank. Préface de Jack Kerouac. Où l'on retrouve la prose dingue et précise à la fois. : "ce long coup de la route de nuit filant en flèche éperdue dans les immensités plates d'une Amérique à-ne-pas-le-croire au Nouveau Mexique sous une lune pour prisonnier". Kerouac énumère comme clichés les nombreuses situations captées par l'appareil photo de Robert Frank et "vous regardez ces images et à la fin vous ne savez plus quel est le plus triste des deux, un juke-box ou un cercueil".
Alors, à travers les clichés noir et blanc, l'autre Amérique. Plaisir. Aperçu chez P. de Jonckheere. Où l'on se prend à revoir Pull My Daisy.

Finalement, le trajet du numérique au papier. Du papier au numérique. Çà ne cesse d'aller, de l'un à l'autre. Et même plaisir dans les deux cas.

Kerouac termine : "Robert Frank, Suisse, discret, gentil, avec cette petite caméra qu'il fait surgir et claquer d'une main, il a su tirer du coeur de l'Amérique un vrai poème de tristesse et le mettre en pellicule, et maintenant il prend rang parmi les poètes tragiques de ce monde. A Robert Frank je passe le message : quels yeux!"


Deux livres de Philippe de Jonckheere chez Publie.net : Robert Frank photographe et Désordre, un journal.



Domnique Viart, Quel Projet pour la littérature contemporaine

N'ai jamais lu Pascal Quignard. Pourtant ça commence comme ça, Quel projet pour la littérature contemporaine, par une citation de Quignard :


Nous avons besoin de cesser de rationaliser, de cesser de s'ordonner ceci, de cesser de s'interdire cela. Ce dont nous avons besoin, c'est qu'un peu de lumière neuve vienne tomber de nouveau, comme un « privilège », sur les « sordissimes » de ce monde. Ce dont nous avons besoin c'est d'une déprogrammation de la littérature.


Tout à fait d'accord. Déprogrammation. Déguidonnage. Déshabillage. Et continuer la lecture de Viart via CyBook. Viart, connu, pour qui parcourt les rayons de bibliothèques. Etudes et critiques. Ai apprécié La littérature française au présent (avec Bruno Vercier). Ou encore la collection Ecrivains au présent, chez Bordas.


Et les pages s'enchaînent rapidement avec ce confort particulier du livre numérique. Ca tient et pourtant on a quoi dans les mains sinon cette machine ? Quand une phrase intéresse, un signet via pad en trois coups de pouce c'est fait, on la retrouvera facilement plus tard. Cependant, on regrette l'impossibilité d'annoter le texte. Ça viendra plus tard. A priori possible en bêta via liseuse sur publie.net.

Et donc lire ce bouquin, c'est tout de même être dans un univers d'analyse, et ce n'est pas encore tout à fait littérature, lecture dense et profonde. Collection Voix Critique chez Publie.net, Viart s'interroge: est-il question -ou non- de projet, d'intention, en ce qui concerne la littérature contemporaine. Si ça s'oriente vers telle direction, c'est pourquoi c'est comment.

D. Viart repasse sur les épisodes de La Nouvelle Fiction après Le Nouveau Roman -où l'on reparle d'avant-garde- mais aussi sur La Revue de Littérature Générale. Et pour les jeunes lecteurs comme moi, champ de possibles. Lectures en vue.
Après Jean-Marie Gleize et Jean-Michel Maulpoix, lyrisme critique, finalement s'ouvre l'idée d'un trajet plus que d'un projet. Appuis sur l'étude des œuvres de Pierre Michon et de François Bon.

Alors, essai numérique et analyse, critique. Finalement, lu en très peu de temps. Avalé. Comme un bouquin ordinaire. Déjà paru en anglais dans The Art of the project en 2005, ce texte tient dans le numérique mais appel vers le large. Via cette lecture rapide, on part vers d'autres univers. Ceux-là restent, pour l'instant, dans le papier.


Immatériel

Le toutim pour commencer par s'inscrire à la BU Angers, après y avoir passé trois années, puis départ et paperasse : quittus et autres. Alors quand c'est le retour, le cerveau informatique dans son grand tracas.
Pour autant très bon souvenirs du lieu. Plein de bouquins, c'est ce qu'on lui demande. Mais aussi, nombreuses les salles informatiques, wifi disponible, larges couloirs, éclairage ad hoc, blanc c'est blanc, expositions.

Et depuis peu : possibilité d'emprunter "livrels", "readers", "ebooks". Très bonne idée. Pas avec les moyens d'un étudiant qu'on peut se payer ce genre d'outils. Emprunt sans caution. A Angers, ils ont choisi le cyBook de Booken. Je ne fais pas publicité, simplement testé ce modèle très précisément, et apprécié largement.

Le livre est chargé d'une partie du catalogue publie.net. Déjà question. Peut-on appeler "livre" la machine ? Alors que dedans, rangés dans la bibliothèque, des livres, encore. Alors non : dire la machine.

Mise sous tension un peu lente. Puis l'écran encre électronique. Fichier schémas explicatif dans la bibliothéque, pas mon domaine. Compris l'essentiel : ce n'est pas un écran retro éclairé. Ou quelque chose dans le genre. Gare aux termes techniques. Concrêtement : comme un livre, impossible de lire dans le noir, mais tout à fait lisible en plein soleil, ou sous une lampe.

Prise en main comme un bouquin, deux mains ou bien une seule. Pèse moins de 300 grammes. Tourné de page main droite, avec pad. Pas de perte de temps à la lecture, je ne crois pas tourner la page d'un livre ordinaire en moins d'une seconde. Affichage. Choix de la taille du texte, zoom, police. Confort.

Première lecture, Dominique Viart : Quel projet pour la littérature contemporaine.

Pourtant, immédiatement, se demander, est-ce que ça tient avec, exemple, Antoine Emaz ?

L'expérience eBook