On est là dans l'entre deux.

Alors sur la machine tu lis Sereine Berlottier, et tu retrouves un univers ville (photographies de François Bon), un de ces mondes écrire qu'un auteur lui-même ne choisit pas, territoire qui vous attrape et vous tient. Après on est dans le dedans et rien n'y fait. Et sur le cyBook, si parfois le bouton de tourner de page est un peu dur -d'autres l'ont déjà dit- ça ne change rien. On lit.

Aussi le Wagon de Jacques Serena, et là encore, comme avec Désordre, l'univers numérique invite vers le papier, on pourra se demander jusqu'à quand. (Serena sur remue.net) Alors via l'encre électronique de la machine, on parcours divers territoires et s'avère que la lecture, oui, tout à fait possible ainsi. Pour autant, le lire écran, oui ou non, choix impossible. Dans le schéma lecture, je m'empresse de reproduire l'idem : des mots, je les lis.

Pourtant, reste le plaisir à lire des livres, papiers, et leurs supports particuliers chez plusieurs éditeurs : les plaquettes de Jacques Josse, les Jacques Brémond (d'un extrême l'autre : lire Serena sur cybook, passer la main sur Je Cheval, Albane Gellé), Cheyne, Tarabuste... Nombreux qui continuent le travail. Labeur. Et celle-ci aussi dans le numérique.

Et le lecteur : on fait geste particulier à choisir tel auteur de poésie, tel bouquin tiré à 500 exemplaires et dont la commande puis la réception peut mettre plusieurs semaines. C'est comme aller vers une revue. Faire l'effort, chercher, puis le plaisir. Ou bien le déplacement bibliothèque, là encore c'est le lecteur qui va et agit. Ainsi on peut, exemple, à la Bm Angers consulter poémes d'Antoine Emaz sur support particuliers, travail avec artistes : plasticiens, sculpteurs etc. Effort donc. Mais tout est là qui est entier et ne bouge pas, ou peu, dans l'univers papier.

Alors numérique. Et dans la faille qu'on entrevoit, les pas de géant à effectuer. Télécharger un ebook se fait en peu de temps. Plusieurs sites le proposent, en ce qui concerne les auteurs du domaine public. Acheter des bouquins sur publie.net est très simple aussi. Je possède cinq ou six fichiers en plus de ceux déjà chargés dans le cyBook de la BU Angers. Au final, c'est la machine qui gère et le fichiers parfois, endommagé. Donc justification des paragraphes mauvaises, sauts de lignes intempestifs, espacement irrégulier... Rien que de très grave, mais le lecteur, s'il veut le confort, doit mettre la main dans le moteur, en attendant que tout se construise côté éditeur et terminaux de lecture. Rien à reprocher de ce côté là : ils sont dans l'invention, donc : tâtonnements. Exemple, actuellement, avec publie.net, une fois le compte ouvert, on dispose sur le serveur des fichiers et de leurs évolutions, retouches, ajouts, etc.

Alors même, comprendre, et soi-même récupérer des fichiers, bidouillage via logiciel pdfCreator -gratuit, car la question est ici aussi. Et comme tous on est dans la découverte, suivre chaque évolution (Publie.net toujours en recherche propose régulièrement de nouvelles formules), et c'est dans le technique, il faut s'y engouffrer. Si la démarche vers le lire papier peut être sympathique (espace bibliothèque, espace librairie,...), la démarche vers le numérique laisse parfois seul face au mur. Mais ça fissure par endroit. On imagine très bien d'ailleurs, la médiation en librairie, pour faciliter l'accès du lecteur.

A l'avenir, comprendre donc les formats de fichiers, pourquoi ma machine lit ceux-là, et bien, ceux-là aussi, en moins bien, et ceux-là pas du tout. Regretter qu'elle ne gère pas l'affichage de la numérotation des pages, d'autres machines le font. Si rien ne bouge dans le papier, le livre électronique, très exactement, n'existe pas. Bouge sans cesse. On est comme face à canyon, fossé immense quand depuis toujours les textes sont sur une page qui jamais ne bougent. De plus, s'il est facile de bidouiller une image, idem pour un texte. Et donc l'authenticité, gouffres. Suivre l'invention informatique dans ce domaine aussi.
A l'avenir encore, se frotter à de grande plage de lecture : lire La Recherche de Proust via reader, c'est possible, oui ou non.

On est là dans un entre-deux. "Ce laps de temps qu'il y a toujours entre quand on est arrivé à un moment crucial et quand on va devoir se remettre à bouger. Voilà." (Jacques Serena, Wagon, publie.net)

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