14/11/2009 Vue remontée


tu te lèves un matin terrasse de l'hôtel Al-Rabie Dimashq ach-cham dans les quarante degrés alentour la purée de pois chiche te sors cauchemars de quelle nuit chaude caldé quoi quoi quoi – et tu traînes encore comme un bout de tissus l'idée d'une phrase elle tient en elle tout un monde impossible sa langue elle n'existe pas – tu fais ton sac tu avales un thé tu sucres un bitume déjà au soleil mais vide – vendredi sur l'avenue Ath Tahwra les taxis vers les gares routières tu pousses avec tes mains tu pousses des sacs une guitare dans un coffre et tu tires sur un clope au soleil – imagine Fayrouz dans les baffles une chanson d'amour combien tu en comptes le bitume file à l'ouest c'est Beyrouth là-bas tu descends tu cherches un bus tu cherches des fruits tu cherches une bagnole pour Amman tu montes dans une grosse américaine – tu entends le bruit sourd v8 tu vois des billets tous en liasse dans une station essence à la sortie de Damas tu transpires au soleil la poussière sur les autoroutes du moyen-orient – les michtos pointus cuir du taxi chemise blanche ses lunettes de soleil quand il montre un doigt sur l'aiguille du compteur bloquée 140 miles les plaines immenses et jaunes – poussière toujours poussière tout alentour les postes frontières où tu peur – peur peur tu as toujours peur quand il s'agit de vivre un peu sur la route d'Amman les coups de tampon sur nos passeport identité – indentité ouh le milliard de poèmes qu'on pourrait avec l'identité tous au soleil – les fusils mitrailleurs dans leurs mains et la route encore vers Amman au loin tornade jaune dans le bleu du ciel une basse nerveuse et coeur à la fois battant battue résonne dans tes yeux jusque loin – tu descends d'une voiture tu charges dans une autre tu négocie la gare routière ta langue ta langue – elle ne dit plus rien dans cette quoi – blablabla pourtant tu ne te prives pas parle corps tu attends au soleil un parking immense et sale – les bus passent tous lâchent nuages noirs s'échappement mal mis sur un trottoir à tirer sur des clopes – à délencher un obturateur à noter des bouts dans un carnet on en oublie parfois de vivre autour un gamin tourne sur son vélo les roulettes dans le bitume fondu le chant d'un muezzin bouteilles et sacs plastique – tu charges dans un autre bus tu t'assieds sur d'autres chaises tu te serres dans la sueur tu roules plus au sud sur d'autres routes le bitume du moyen-orient tu pleures sans larmes quel rêve atteint quelle peur trop raide une boule une boule dans le ventre une pierre – une pierre un petit caillou blanc dans la main – l'odeur de l'essence à la station le soleil couchant sur les montagnes roses toutes roses le souffle des camions sur l'asphalte la pisse dans les chiottes une odeur acide tu te poses sur quelques marches tu as faim – tu n'as pas mangé tu ne manges pas tu montes à nouveau dans ce bus il fait nuit toujours plus au sud la nuit les phares jaunes rouges dans le noir tu t'endors la tête sur une vitre elle tactactac tressaute et tu trembles – tu te réveilles pâte langue qu'on malaxe il te dit deux mots ils valent cent mille tu descends devant un hôtel tu sors des billets tu manges un poulet tu t'endors sous la tôle le vent souffle dessus ça sent le mouton – un homme est là qui dans sa couverture ne parle pas ça sent le mouton ça sent la poussière tu es là – ici – et maintenant.

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