25/11/2009 Vue remontée


déjà le bus avant d'Istanbul à Antakya avec les – combien – ça doit être vingt heures le bus et chaud dedans tu arrives à la gare routière à peine descendu le bitume chaud les mégots de clope tous les papiers ça souffle le vent chaud le sud – le sud et ta langue ta langue tu l'as oublié sur quel continent quand ici les biftons tous dollars dans sa main tu changes pour passer la frontière à peine déjà – un autre bus faudrait se mettre dans les oreilles quelque chose comme de la guitare rêche et rude un oud électrifié celui qu'on transporte depuis Paris jusque là-bas tu verras tu verras – déjà la poussière sur les sièges quand tu t'appuies dessus et tu sens sur les montagnes autour tous les gardes qui dans leurs guérites et barbelés – long convois de bagnoles épuisées les barbelés – poteaux qu'on aligne au soleil la pierre et les herbes sèches bab el hawa – bab el hawa combien de fois tu as entendus ce mot bab el hawa – tu ne sais pas et tu as peur – voilà c'est ça tu as peur – tu as terriblement peur on pourrait tout de même entendre une voix une voix qui s'élève un chant allez un chant – en arabe il chante c'est un vieillard et tu as la tête contre la vitre la fatigue tu n'as pas dormi un autre sur ton carnet il écrit au crayon noir des mots en arabe et les guitares se déchirent toutes immenses et violentes bab el hawa – avant la porte des vents un coup de tampon combien de temps tu l'as attendu avec ceux qu'ici tous tiennent debout au soleil pour un coup de tampon sur un passeport – identité pendant qu'une voix toujours la même une voix de vieillard il vit il te l'a dit il te le dira il vit dans les montagnes les montagnes de l'antéliban bab el hawa – la porte des vents avec mais tu n'y croiras pas avec la poussière en nuage sur le bitume le bitume il n'est plus bleu le bitume il est gris beige tellement la poussère et d'autres bureaux – d'autres uniformes encore identité tu te souviendras – rappelle toi la Toine rappelle toi chéri l'Emile tu te souviendras longtemps – ce qu'ils ont pu dire devant des guichets fermés ce qu'ils ont pu dire et que ça avance – la poignée de dollars et le vent le soleil les 45°C de Bab el Hawa – ton carnet que tu tiens sans même écrire à Bab el Hawa les fusils mitrailleurs le bus rouillés et les plaines immenses les plaines immenses qu'on imagine à peine qu'on imagine pas – et ta langue ta langue toute langue toute langue chute ici – toute langue merde toute langue qui rien toute langue tu ne dis pas – tu ne dis jamais l'essentiel comment on fait qui ça qui connaît et le bus à nouveau – plein sud – sud sud sud de l'eau en gobelet une station essence – les fuites noires sur la terre et les clopes qu'il jette dedans la salle de prière les chiottes immondes magnifiques – reprend ton souffle – respire – 45°C les premiers 45°C c'est 45°C dans ton corps à chauffe et blinde – tu peux chut – chut chut petit allez petit avance tu ne sais plus il y a quelque chose c'est comme de la folie – celle d'un sarwell mais pas comme on dit ici tu ne sais pas – d'un petit vieillard qui prie sur un siège de bus – des autoroutes longues langues toutes qui balayées par le vent la poussière – des villes qu'on doublent de loin en droit vers Damas – syrian dance sur nos routes sur leurs routes – les notes désaccordées à la terrasse d'un restau sans nom – la buée chaude sur les verre de thé bouillant – la fumée des clopes poussée les bourrasques chaudes – droit vers Damas.

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